Ma plume ! Clame ta reconnaissance

Ma plume ! Clame ta reconnaissance

Voici un poème qui incite au « souvenir » de l’Unique, en tant que méthode de «Réalisation ».

Il est en « résonnance » avec le verset coranique 6-91 :


وَمَا قَدَرُوا اللَّهَ حَقَّ قَدْرِهِ إِذْ قَالُوا مَا أَنزَلَ اللَّهُ عَلَىٰ بَشَرٍ مِّن شَيْءٍ ۗ قُلْ مَنْ أَنزَلَ الْكِتَابَ الَّذِي جَاءَ بِهِ مُوسَىٰ نُورًا وَهُدًى لِّلنَّاسِ ۖ تَجْعَلُونَهُ قَرَاطِيسَ تُبْدُونَهَا وَتُخْفُونَ كَثِيرًا ۖ وَعُلِّمْتُم مَّا لَمْ تَعْلَمُوا أَنتُمْ وَلَا آبَاؤُكُمْ ۖ قُلِ اللَّهُ ۖ ثُمَّ ذَرْهُمْ فِي خَوْضِهِمْ يَلْعَبُونَ – 6:91

« Ils n’apprécient pas Allah comme Il le mérite quand ils disent: «Allah n’a rien fait descendre sur un humain.» Dis: «Qui a fait descendre le Livre que Moïse a apporté comme lumière et guide, pour les gens? Vous le mettez en feuillets, pour en montrer une partie, tout en cachant beaucoup. Vous avez été instruits de ce que vous ne saviez pas, ni vous ni vos ancêtres. Dis: «Allah». Et puis, laisse-les s’amuser dans leur égarement. »

Qu’Allah Très Haut nous assiste et nous fasse profiter de la vertu de Son Nom en nous permettant de suivre l’exemple de Son Prophète béni. Amin

1. Ô ma plume ! Clame [ta reconnaissance], loue Allah et remercie-Le. Bénis le Prophète et salue-le, au commencement [de ce poème] et en le concluant.

2. Prêche! ne crains nullement les blâmes des rivaux ; traverse les océans de l’Unicité dans lesquels elle se révèle.

3. Absente-toi de ce monde créé afin de n’y voir autre que Lui ; l’altérité qui s’y manifeste sera ainsi réduite à néant.

4. Dis : « Allah ! » et abandonne autre que Lui. Il est le seul Etant, nécessairement et sûrement !

5. Le monde créé n’est qu’un mirage éphémère ; comparable à des poussières qui planent dans l’air.

6. En réalisant cela, tu le verras « lumière » par laquelle Allah se manifeste.

7. Et Allah est la lumière des cieux et des terres. Il n’y a nul associé.

8. Où que vous portiez votre regard, existe un« signe évident » par lequel les ténèbres s’illuminent.

9. Invoque donc en abondance et rompt avec autre que Lui; l’invocation rapproche,et le Généreux ; accordera sa miséricorde (à qui l’invoque).

10. C’est Lui qui prie sur vous, ainsi que les Anges. Ô vous gens de l’invocation, comprenez donc!

11. Si vous L’invoquez, vous serez éteints, ensuite vous demeurerez – (baqa) par Allah. Il est « l’éternellement Etabli ».

12. Voici la quintessence de ce qui peut être compris, profites-en ; et dis : « Allah ! »puis délaisse-les.

13. Ceci est la liqueur de l’Unicité. Bois-en matin et soir. Tu en récolteras les bienfaits !

14. Sois constant sur l’Unicité et la piété et dis : «louanges et remerciements!» afin que le Bienfaiteur multiplie (Ses bienfaits).

15. Puis, prie et salue sur la Lumière de l’Existence, Ahmad, sa famille et ses compagnons.

16. Et Pardonne à ton serviteur al-Madani, et accorde-lui le Paradis, qu’il y soit agréé.

Poème transcrit en phonétique:

1. Ṣarriḥ yarāʿī wā ḥmadi Allah wa-škuran wa ṣalli wa sallim ḥīna tabdaʾ wa taẖtimu

2. Wāṣdaʿ wa-lā taẖša al-malāma min lāʾimin wa ẖuḍ buḥūrāan min al-tawḥīdi tutarǧamu

3. Wa ġib ʿan haḏā l-kawn ḥattā lā tarā ġayrāan fa-inna l-ġayra fīh yuʿdamu

4. Wa Allaha qul watruk siwāhu fa- innahu hūwa al-mawǧūdu l-wāǧibu al-mutaḥattimu

5. Wa-l- kawnu kulluh sarābun zāʾilun yaḥkī habā’an fī hawā’in yuẖayyimu

6. ḥattā iḏā ḥaqqaqtahu alfaytahu nūrāan bihi laqad taǧallā al-Mun‘imu

7. Wa Allahu Nūr al-samāwāti kullihā wā-l-arḍ mālahu šarīkun fīhimu

8. Fa-ʾaynamā tuwallū ṯamma ayātun bayyināh bi-hā istanāra al-muẓlimu

9. fa-ḏkur kaṯīrāan wānqaṭiʿ ʿan ġayrihi fa-dḏikru yudnī wal-Karīmu yarḥamu

10.hūwa allaḏī yuṣallī wal-malāʾiku ʿalaykumu yā ahla al-ḏikri fa-fhamū

11.Fa-‘in dakartumu fanaytumu ṯamma qad baqaytumu bi-Allah fa-huwa l-Qāʾimu

12. Fa-haḏihi hiya al-maʿānī fāġtanim wa qul: Allaha ṯumma ḏarhumu

13. Wa tilka ẖamratu l-tawḥīd faġtabiq ṯuma iṣṭabiḥ ya’tīka minhā l-maġnamu

14. Wa-ṯbut aʿlā al-tawḥīd wat-taqwā wa qul ḥamdāan wa šukrāan kay yazīda al-Munʿimu

15. ṯumma aʿlā Nūr al-wūǧūd Aḥmada wal-āli wal-ʾāṣḥābi ṣallū wa sallimu

16. Wa-ġfir li-ʿabdika al-Madānī Rabbanā wa adẖilhu ǧannātin bihā yatana‘ʿamu

Nul lieu ne contient le Connaisseur !

Nul lieu ne contient le Connaisseur !

Entièrement épris par l’amour divin, sidi Muhammad al-Madani (1888-1959) chante dans ce poème, (Yâ Lâ’imî…) les délices et les souffrances d’une passion qui englobe tout son être. Il adresse ses paroles au Censeur (‘adhûl ou lâ’im), fictif ou réel, qui l’incitait à abandonner son amour envers Allah. Déterminé, le poète répond fermement que rien ne pourra le détourner de cet amour qui constitue l’identité profonde du Connaisseur. Bien que coranique, [yuhibbihum wa- yuhibbûnahu= Il les aime ; et ils L’aiment, Coran, La Table servie, v. 54 ], cet amour libère sidi al-Madanî de toute contrainte spatiale. Nul lieu ne contient le Connaisseur.

Ô ! Toi qui me réprimandes.

1. Ô ! Toi qui me réprimandes sans cesse, laisse-moi, il n’y a pas d’autres lieux  qui me contiennent [[Le terme arabe qui résume cette phrase est « anâ mâ lî barâh ». Ce dernier terme signifie : « terre désertique, sans plantes ». Il signifie aussi : « terre vaste et étendue ». Le poète emploie cette image pour décrire son amour infini. Nulle terre, nulle expression ne pourront contenir l’ardeur de sa passion. ]] ;

La passion (que je nourris) pour Allah est mon art ; est-ce un crime ?

Suis-je blâmable pour avoir crié : « ah! », ou pour avoir chanté débout parmi des gens généreux?

Ô ! Toi qui me réprimandes sans cesse, laisse-moi, il n’y a pas d’autres lieux  qui me contiennent ;

2. L’œil des veillées (tardives) a endolori mon corps, et mes larmes, comme eau, coulent abondamment.

Rends-moi justice ô ! Homme sensé : La passion est mon seul délit et ma patience s’est envolée.

Ô ! Toi qui me réprimandes sans cesse, laisse-moi, il n’y a pas d’autres lieux  qui me contiennent.

3. Si je divulguais ma passion parmi les hommes, des hommes vils verraient là un péché honteux.

Et ils exagéreraient encore leurs reproches à mon égard et ils cribleraient encore mon cœur de blessures.

Ô ! Toi qui me réprimandes sans cesse, laisse-moi, il n’y a pas d’autres lieux  qui me contiennent.

4. L’amour m’a étiolé ; mon cœur erre, et la passion qui m’a enchaîné, n’a fait que s’enflammer [[L’étiolement de l’amoureux, l’errance du cœur et l’embrasement de la passion sont des thèmes connus dans la Tradition poétique arabe: soufie et amoureuse.]].

Dans mon cœur ne loge que l’amour ardent ; alors dis à celui qui déprécie mes actions que l’aurore[[Chez les soufis, l’aurore symbolise souvent la Vérité éclatante. ]] pointe et se montre de plus en plus.

Ô ! Toi qui me réprimandes sans cesse, laisse-moi, il n’y a pas d’autres lieux  qui me contiennent.

5. Dis à mon censeur que la lune est apparue pour moi et que je me suis absenté de mon être lors de son apparition. En ce matin, la manifestation éteint quiconque se porte présent auprès de l’Essence et de la source.

Ô ! Toi qui me réprimandes sans cesse, laisse-moi, il n’y a pas d’autres lieux  qui me contiennent.

Traduction : Salih KHLIFA
Introduction et notes. A. Madani.

Palmier Avec coucher de soleil MEDITAION

Palmier Avec coucher de soleil MEDITAION

Nous sommes des gens qui n’ont cure des reproches

Nous sommes des gens qui n’ont cure des reproches

Nous sommes des gens qui n’ont cure des reproches ;
Quand nous taisons notre amour, c’est la passion qui le divulgue.
Ne me reproche rien ô ! mon censeur
Je suis un serviteur asservi par un maître généreux ; Ne réprimande pas l’esclave de l’amour, quant à ses transports quant à ses troubles quant aux feux qui le brûlent :Tes reproches , en réalité, ne font que fortifier les amoureux dans leur élans ; oh ! comme l’oubli est loin des gens de la passion !
Car , dans leur cœur , loge la nostalgie du bien-aimé ; chaque fois que l’amoureux se souvient de lui, ses feux s’aiguisent
Toi, es amoureux , attise ton amour ;
N’oublie pas l’objet de ta passion, afin d’atteindre ton but.
Et puis éteins-toi , absente-toi de tous les hommes, afin de contempler sa beauté, Qui n’as pas de prix tant elle est précieuse.
Dirige-toi vers ce que tu désire, avec une volonté sincère, sans jamais défaillir.
Et patientez, ô ! vous ! faites patienter, tenez bon, évitez la discorde que sèment les gens vils.
Eh !oui ! le paradis est entouré de bien des contraintes ; alors patientez
Pour entrer dans la demeure-de-la-paix. ; Le paradis du lien ! ô ! qu’il est heureux, celui qui y est gratifié
D’un regard qui guérit toutes les maladies.
Voici l’amour, ô ! ami, adonne-t-y avec patience et accepte, pour un temps, l’éloignement, le délaissement, la défaite.
O ! gens, qu’est –ce que vous avez ?
Dites ce que vous avez ! vous m’avez délaissé et votre délaissement est un péché. Délaissez (donc) le délaissement, puis continuez la fréquentation du cœur d’un amoureux rongé de passion
Mon esprit est en réalité, le vôtre ;
L’union d’après la loi droite de Gens Est fidélité au serment
Je ne suis rien d’autre que vous et
Vous n’êtes, en vérité, rien d’autre
Que moi, au commencement des choses ou à la fin ; O ! Allah mets un terme excellent à Ton serviteur amoureux , à Ton serviteur Madani, client de gens nobles, Par celui que tu as envoyé chargé de Bonnes nouvelles pour les croyants, des nouvelles de paix ;
Qu’Allah lui accorde Sa paix aussi longtemps Que les hommes chantent : « nous sommes des gens qui n’ont cure des reproches. »

Phonétique:

Nahnu qawmun lā nubālī bi-l-malām
In katamnā-l-hubba abdāhu-l-ġarām

Lā talumnī yā ‘adūlī innanī
‘abdu riqqin bayna sādātin kirām

Lā talum ‘abda al-hawā fī mā jarā
fī ihtizāzin w-adtirābin wa-istilām

Kam muhibbin zādahu-l-‘adlu famā
ab‘ada -l-sulwāna ‘an ahli al-ġarām

Inna fī-l-qalbi ichtiyāqan kullamā
dukira al-mahbūbu zādahu-idtirām

Zid huyāman ayyuhā al-muhibbu lā
taslū hattā tabluġan minhu -l-marām

Wa-fna ‘an kulli al-warā hattā tarā
husnahu al-ġāli -l-ladī lā yusām

Wa-qsudi -l-amra a-lladī ammaltahu
tahta azmin sādiqin tūla l-dawām

fa-sbirū wa sābirū wa rābitū
Wa-ttaqūhā fitnata l-qawmi-li-li’ām

Huffati- l-jannatu bi-l-makārihi
fa-sbirū li-tadhulū dāra l-salām

Jannata al-wasli fa-mā as‘ada man
nāla fīhā nadratan tubrī -l-siqām

hakada al-hubbu yā sāhin fastabir
Fī sudīdin wa- hijrānin wa -inhizām

mālakum yā qawmu qūlū mālakum
qad hajartum inna l-hijrāna harām

Fa-hjurū-l- hijrāna tumma wāsilū
Qalba sabbin muġramin wa-mustahām

Inna rūhī rūhakum fa-l-waslu fī
chir‘ati-l-qawmi wafā’un li-dhimām

Fa-‘anā antum wa-antumu ‘anā
fī-ibtidā’i-l-qali aw fī-l-ihtitām

Fahtim li-l-‘abdi- l-muhibbi bi-lhusnā
‘abdika al-Madanī mamlūki al-dawām

Bi-haqqi man arsaltahu mubachchiran
li-‘ibādi-l-mu‘minīna bi-s-salām

Sallā ‘alayhi Allāhu mā qad anchadū
nahnu qawmun lā nubālī bi-l-malām

Toi qui ne Comprend pas mes Paroles

Toi qui ne Comprend pas mes Paroles

Toi qui ne Comprend pas mes Paroles[[ Idem, ibidem]]

1) Toi qui ne comprends pas mes paroles, pourquoi me dénigres-tu ?

2) Tu n’es pas raisonnable et tu méconnais Allah ;

3) Abandonne-toi entre les mains des hommes et écoute assidûment ce que disent les soufis ;

4) Suis-les dans leurs actions ainsi que dans leurs états de cœur ;

5) Range-toi parmi les saints apôtropéens dans la confrérie Alawite ;

6) Dont le collier d’or pur est très précieux car il dérive des maîtres Chadulites ;

7) Lesquels tirent leur légitimité de la Hadrah[[Cela veut dire ici le rapprochement, l’extinction en Allah par le truchement de l’amour du Prophète ; cela signifie aussi la grandeur, la noblesse..]] du Prophète ;

8) Ils l’extraient ainsi de façon continue et abondante du Trésor divin ;

9) Voici la Station des gens accomplis, de mes maîtres, les soufis ;

10) Nie donc toute illusion afin de boire un vin pur,

11) un vin qui ne provienne des raisins que tu connais, mais un vin pré-éternel.

12) Fabriqué avant le Temps, fabriqué avant les nuits avant la poignée qui précéda la création du monde[[…J’ai pris une poignée (de poussière) des traces de l’Envoyé… Coran, XX, 96.]]

13) depuis le Pacte qu’Allah conclut avec les Hommes,

14) depuis le Verbe Éternel adressé aux esprits que créa Allah,
Depuis : « Ne suis-Je pas votre maître[[Ils disent : « Mais nous l’attestons assurément » Coran, VII, 172.]] ? » ; Depuis la Réponse spirituelle.

15) Mais cette Station est précieuse, plus précieuse que l’alchimie,

16) noble, chère, élevée, plus élevée que l’étoile Cynosure,

17) Qu’on ne peut appréhender par le verbe, encore moins par les langues vulgaires ;

18) Mais plutôt par la compagnie des Hommes, par la sincérité, par la pureté de l’intention,

19) par des efforts continus du matin au soir, par les veillées (tardives), tu atteindrais ainsi un degré élevé.

20) La remémoration d’Allah est le meilleur polissoir des cœurs ;

21) La remémoration d’Allah est la meilleure des actions et confère la meilleure des qualités ;

22) C’est cela qu’a dit le maître des envoyés, Mohammed, le meilleur des hommes :

23) « Gambadez dans le jardin de la Beauté, dans les cercles de la remémoration[[« Quand vous passez par les jardins du Paradis, gambadez-y ! »
Les compagnons du Prophète alors lui demandèrent :
« Mais qu’est-ce que les jardins du Paradis, Ô envoyé d’Allah ? »
« Ce sont les cercles de remémoration d’Allah. » Tirmidhî.]]»

24) Confirmé par la tradition ! La remémoration est la meilleure occupation pour la vie éternelle.

25) Par la remémoration, l’union se réalisent en Allah. Efface (donc) les illusions de ton imagination et tes qualités humaines ;

26) Efface-les dans l’Être Suprême, Transcendant [[Seul Connaisseur de la non-réalité, de ce qui est caché ainsi que de ce qui est manifeste, le Grand, le Miséricordieux, le Transcendant, Coran, XIII, 9.]], Unique dans Son Unicité [[..Et votre Dieu est un Un ; il n’est pas d’autre dieu que Lui, le Clément, le Miséricordieux. Ibidem, II, 163.]]

27) Efface-les dans les Attributs, dans les actions (de Dieu) et dans l’Essence Immanente[[ …Dis : « Allah est Un, Allah l’Éternel ; il n’a point engendré et n’a pas été engendré et Il n’a jamais d’égal » Coran, CXII.]] ;

28) Ainsi parviendrais-tu à la proximité du Maître des esclaves et le non-être s’effacerait-t-il pour toi ;

29) Puisque tu verrais l’essence de la beauté et la vérité ahmadienne[[Relatif à Ahmad, autre prénom du Prophète.]]

30) Que ma bénédiction continue se répande sur les lumières de l’essence,

31) sur Mohammed, mer de la perfection humaine, manifestation de l’Essence Suprême;

32) Que ma bénédiction se répande aussi sur ses compagnons, sur les siens, tous beaux comme des étoiles scintillantes

33) Et Madani dit : « Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? Pourquoi est-ce que je tourne les regards vers les hommes ?

34) Allah, n’est-Il pas mon seul soutien ? et le Prophète intercèdera pour moi. »

Sois avec Allah

Nous avons l’honneur de vous présenter cette belle qasida : Kun ma‘a Alla (Sois avec Allah).

1- Sois avec Allah, tu Le verras avec toi !
Abandonne tout et méfie-toi de ton avidité [[Tama‘ : (طمع) ambition, avidité, cupidité, convoitise, envie, prétention : autant de défauts que le faqīr se doit d’abandonner.]]!
2- Allah est ta Lumière, qu’elle t’illumine
Prends garde aux contraires [[Allah est Un (comme le centre d’une circonférence), ses « contraires » (adhdād أضداد) (les points sur la circonférence) sont multiples : d’où le pluriel.]] , cela l’éteindrait! [[ تُطفي شَمَعَك : Mot à mot : « cela éteindrait tes « bougies ». L’auteur évoque dans ce vers le point de doctrine concernant le dépôt lumineux. La création implique deux lumières, identiques en essence mais différentes en acte : celle déposée en germe en tout homme (symbolisée par l’auteur comme une bougie) et la pure Lumière Divine. Ce « dépôt lumineux » est destiné à croitre jusqu’à rejoindre et s’identifier à la Lumière d’Allah. Il peut paraître lumière ou ténèbres selon le point de vue : lumière si on se réfère à son essence, ténèbres si on constate la séparation d’avec sa source du fait de la création (ou sortie illusoire du Principe). Cet aspect est évoqué en Quran : 2, 257 : « Allah fait sortir les croyants des ténèbres (leur « bougie ») vers Sa Lumière, le tāghūt (l’illusion) fait sortir ceux qui refusent leur dépendance au Vrai, de la lumière (leur « bougie ») vers les ténèbres (du néant et de l’éloignement d’Allah). Les mécréants perdent donc ce qu’Allah a donné à tout homme lorsqu’il le crée et l’envoie en ce monde. Etymologiquement, ils « recouvrent », « cachent sous un voile », cette lumière initiale et se retrouvent dans l’obscurité. (cf. également Quran :2,17). Ces créatures « descendent » après leur descente, le croyant quant à lui fait fructifier ce capital, et « remonte » vers son Principe.
]]
3- Humilie, pour Lui, ton ego,
Avant qu’il ne te domine [[ Enseignement fondamental de la spiritualité universelle : Contre toutes apparences, l’ego (ou la tendance centripète de l’être-individu) n’est pas notre être réel, mais en donne l’illusion. Il usurpe cette réalité et retient prisonnier le Soi véritable. D’où les injonctions paradoxales :

« Qui veut sauver sa vie, la perdra »,

« Efforce toi de ne pas être (l’égo), afin qu’Il (le Soi vértable) soit (en acte) »

اجتهد ان لا تكون انت بل يكون هو

Aux termes de l’ascension, shaykh al-Alawi décrit cette « passation » :

فلم تدر من انت فكنت و لا انت و تبقى بلا انت لا قوى و لا حولا

« Tu ne sais pas qui tu es, car tu es, et ce n’est pas toi qui es, tu demeures sans « toi », pas de puissance ni de force (si ce n’est en Allah) »,…..

C’est pourquoi dans ce vers, la nafs, qui bien que nous appartenant (du fait de la présence du pronom deuxième personne suffixé au mot) est conçu comme une entité autonome, indépendante et ennemie de notre essence (exprimée par le pronom suffixé dans le verbe تَضَـعَـــكْ dont la nafs est le sujet).
]] .
4- S’Il veut ton abaissement parmi les hommes, tu le gouteras…
S’Il veut, Il t’élèvera au-dessus d’eux [[Allusion aux deux noms divins : Al-Khāfidh (Celui qui abaisse), al-Rāfi‘ (Celui qui élève). correspondants aussi aux deux aspects de « l’Heure », mentionnés dans la sourate l’Evènement (56,3) : « Celle qui abaisse» et « Celle qui élève ».]] .
5- Ne place pas ton espoir en un autre que Lui…
Ne t’abreuvera seulement que celui qui t’a semé…
6- Cherche protection auprès de Lui, soumets-toi à Lui
Ne Lui résiste point ; abandonne tes innovations [[Prétentions individuelles.]] .
7- Voici la Voie de Tāha [[Nom de l’Envoyé et lettres isolées liminaires d’une des sourates du Quran qui porte ce nom]] , suis-la!
N’accepte aucune négligence [[ Déficience, incapacité, paresse, laxisme, indolence. Racine liée aux notions de limite, bornage, restriction, abrégé, brièveté, étroitesse, raccourci….]] qui t’en écarterait.…

Kun ma‘a Allah

1. Kun ma‘a Allah, tara Allaha ma‘ak * wa-truki l-kulla wa ḥādhir ṭama‘ak
2. Nūruka Allahu, bih kun mushriqan * wa ḥdhari l-aḍdāda tuṭfī shama‘ak
3. Thumma ḍa‘ nafsaka bi-dhlli lahu * qabla anna n-nafsa qahran taḍa‘ak
4. Fī l-warā in shā’a khafḍan dhuqtahu * wa idhā shā’a ‘alayhim rafa‘ak
5. Lā tu’ammil min siwāhu amalan * innamā yasqīka man qad zara‘ak
6. Kun bihi mu‘taṣiman wa aslim laـhu * lā tu‘ānid fīhi wa- hjur bida‘ak
7. Hadihi millatu Taha, khudh bihā * lā tuṭi‘ ‘anhā quṣūran dafa‘k
Lā ilāha illā Allah Allāh Allāha, wa ṣ-ṣalāh ‘alā l-ḥabīb Rasūl Allāh.

Epilogue :

Nous tenons à remercier sidi ‘Abd Al-Malik, le Muqaddam de la voie Madaniyya à Égletons, (France), pour sa très belle traduction, et pour ses riches commentaires et explications qui rendent ce poème encore plus beau et plus édifiant. Qu’il trouve nos remerciements les plus sincères pour son dévouement. Qu’Allah nous mette accoudés, face à face, à entendre : PAIX, PAIX.

La Zawia Madaniyya, 24 décembre 2013.