Mon cœur vaguant !

Mon cœur vaguant !

اللهم صل وسلم على سيدنا محمد وآله وأصحابه، ولا حول و لا قوة الا بك يا رب، يا حق يا مبين،

Les poèmes du Shaykh Mohammad al-Madani sont écrits sous l’emprise de
l’ivresse spirituelle et participent donc de la Révélation (au sens étendu selon lequel : « Les savants sont les héritiers des Prophètes »). A ce titre, ils sont donc tous régis par l’autorité d’un ou plusieurs versets coraniques.

Celui qui, sans conteste, gouverne le poème présenté ci-dessous se trouve dans la sourate al-Isrā (le voyage nocturne)

﷽وَقُلْ جَاءَ الْحَقُّ وَزَهَقَ الْبَاطِلُ ۚ إِنَّ الْبَاطِلَ كَانَ زَهُوقًا﴾ – 17:81 ﴿
« Et dis: «La Vérité est venue et le vain a disparu. Car le vain est destiné à disparaître».

« Depuis qu’Il s’est montré, de passion mon cœur vague »

Shaykh al-Madani fait référence dans ce poème au cheminement initiatique. On sait que celui-ci s’effectue à deux niveaux. On parle ainsi du « Voyage vers Allah », cheminement qui prend fin (lorsque « La Vérité est venue » جَاءَ الْحَقُّ ) et du « Voyage en Allah » cheminement qui n’a pas de fin (et qui aussi n’en est pas un !). En effet, le « voyage en Allah » concerne celui qui est arrivé au but, dans cette vie même et qui peut dire : لَمّاَ ظَهَر « lorsqu’il a paru ! ». Mais comment décrire l’état de l’être qui réalise l’éternité dans le cours même du temps ?

Le mot utilisé en arabe est hāma (H-Y-M) : Il traduit un mouvement à l’apparence erratique dû essentiellement à une passion amoureuse, une perplexité, ou l’altération (de soif) accompagné souvent d’un état provoquant cris et pleurs. (Mais il existe aussi paradoxalement des cris et pleurs de joie, et le paradoxe est source de perplexité et d’émerveillement).
هام على وجهه : Aller droit devant, à l’aventure, au petit bonheur la chance.

Le terme « vaguer », bien que vieilli et très peu usité, nous a semblé en français rendre au mieux cette notion. Vagabonder, de la même famille, aurait pu convenir mais ce terme a quelquefois une charge péjorative. Vaguer signifie « aller de ci de là », vide de but (du latin vacuus qui a donné également vacuité, vague (pour inoccupé (terrain), indéfini (idée)). Ce terme correspond parfaitement car la relation qui le lie avec le fana ou le zahouq زهوق du verset de la sourate al Isrâ est implicite. Errer ne convient pas car il sous-entend l’erreur et on ne saurait confondre le Dâlun et le Hâ’imun.

Le hâ’imun n’a plus de but, non par absence de but mais parce qu’il est au-delà ou plutôt dans le but. Ces actions, aspirations ne sont plus orientées vers le but mais régies par le but. Par analogie on peut s’imaginer le mouvement de l’aiguille de la boussole placée au nord magnétique même : quelle direction peut-elle bien montrer si ce n’est appeler les autres aiguilles vers elle comme le fait le Nord, ou plutôt, est-ce elle ou le Nord qui appelle ?

« Cet univers (kawn) est tel un mirage s’évanouissant ; Apparences éphémères !»

La Vérité mentionnée dans le verset ci-dessus est, de manière générale, comprise historiquement comme étant la Révélation islamique par opposition aux faux systèmes ou aux autres révélations supposées altérées.

Mais dans le cas de l’expérience spirituelle décrite dans le texte qui nous concerne ici, il s’agit bien du Nom Divin « Le Vrai, le Réel » qui se manifeste à Son serviteur et qui fait disparaître tout ce qui est autre que Lui, y compris celui qui expérimente cette vérité.

Cependant, la manifestation divine (al-kawn) vue par l’être « habité » par cette expérience, tout comme lui-même en tant que « lieu de vision », ne disparaissent pas, dans le sens où ils retourneraient au néant après avoir eu un être en propre : c’est seulement le regard du serviteur qui a changé, « l’œil de son cœur », instrument ultime de connaissance du Vrai, s’étant ouvert. Cette disparition n’est autre que la disparition de l’ignorance qui attribue aux choses une réalité plus ou moins indépendante de la Seule et Unique Réalité. Le statut des choses, lui, ne change pas.

Au terme de l’expérience le voile est tombé et, dans l’œil illuminé du contemplateur, la réalité du mirage qu’est le monde, laisse place à la seule Réalité. Shaykh al Alawî écrit (Al-Mawwad Al-Ghawtiyya ) à ce propos :

“Les choses n’ont pas été créées pour que tu les vois, mais bien pour que tu vois leur Seigneur en elles. Quand tu Le reconnaîtras en elles, les choses seront avec toi, et toi tu seras avec ton Seigneur. »

« De ma vue tous les humains ont disparu »

Al-Hujwiri écrivait du Soufi : « Celui qui appartient à Dieu et à qui Dieu appartient n’est relié à rien dans l’univers. La véritable essence de la connaissance est de reconnaître qu’à Dieu appartient le royaume. Quand un homme sait que toutes les possessions sont sous le contrôle absolu de Dieu, qu’a-t-il d’autre à voir avec les hommes, de sorte qu’il soit voilé par rapport à Dieu de leur fait ou du sien? Tous ces voiles sont le résultat de l’ignorance : dès que l’ignorance est abolie, ils se dissipent, et cette vie d’ici-bas est rendue égale en dignité à la vie de l’au-delà. » al-Hujwiri, Somme spirituelle

Concrètement là aussi, aux yeux du Soufi, cette disparition des autres n’est pas un rejet, un mépris ou un refus de compagnie : Bien au contraire, et paradoxalement, cela lui impose des exigences car en tout homme, il voit l’ami et l’Ami.

Selon le hadith connu donné par Muslim.
عن ابي هريرة ان الله عز و جل يقول يمو القيامة يا ابن ادم مرضت فلم تعدني قال يا ربي كيف اعودك و انت رب العلمين ؟ اما علمت ان عبدي فلان مرض فلا تعده لو عدته لوجدتني عنده ؟ …. الحديث رواه مسلم
D’après Abi Hurayra : Allah -qu’Il soit exalté – dira le jour de la résurrection : Ô fils d’Adam j’ai été malade et tu ne m’as pas visité. Celui répondra : Seigneur ! Comment aurais tu pu être malade alors que tu es le Seigneur des mondes ? Dieu dira : N’as-tu pas su que mon serviteur un tel était malade et tu ne lui a pas fait visite. Si tu l’avais visité tu m’aurais trouvé auprès de lui ! …. (Hadith Muslim extrait)

Même ses ennemis sont perçus comme la manifestation d’une épreuve imposée par l’Ami, exigence encore plus difficile et qui sert de mesure à l’amour qu’il est capable de lui offrir !

ادْفَعْ بِالَّتِي هِيَ أَحْسَنُ السَّيِّئَةَ ۚ نَحْنُ أَعْلَمُ بِمَا يَصِفُونَ – 23:96
وَلَا تَسْتَوِي الْحَسَنَةُ وَلَا السَّيِّئَةُ ۚ ادْفَعْ بِالَّتِي هِيَ أَحْسَنُ فَإِذَا الَّذِي بَيْنَكَ وَبَيْنَهُ عَدَاوَةٌ كَأَنَّهُ وَلِيٌّ حَمِيمٌ – 41:34
« La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux. »

« L’existant, vu à la fine pointe du regard, est le Roi, le Conquérant ».

Pour essayer de comprendre l’allusion du Shaykh, ne serait-ce que mentalement, on peut utiliser l’analogie suivante. L’homme, à l’image de Dieu, ne sait ni ne fait rien d’autre que Dieu n’ait su ou n’ait fait. Sa « découverte » du langage « binaire », le « passage au numérique » « la réalité virtuelle » qu’il promeut et dont il use, sont donc -à l’insu de beaucoup- une réplique ou un calque de la Réalité. La suite d’alternance de 0 et de 1, impulsion électrique – absence d’impulsion, crée un ensemble indéfini de mondes et de couleurs s’étalant sur toutes nos machines modernes. En effet, chaque sons, chaque images, chaque personnages qui s’affichent et que l’on voit et entend, chaque histoire ou film qui se déroulent, et quelquefois que l’on vit avec nos sentiments, ne sont ni plus ni moins qu’une combinaison organisée de 0 et de 1 qui parviennent à nos sens et sont décodés en autant de perceptions différentes selon les individus. Ainsi en est-il du monde qui contient les êtres créés qui ont à leur tour créé ces machines : Le kawn est lui aussi une suite indéfinie de lumières et ténèbres en alternance, de 1 et de 0 ou plutôt de 1 et de non 1, de Dieu et de négation de Dieu. Mais au final en allant au substrat principiel, on n’y trouve que Dieu, le Roi.

إِنَّ فِي اخْتِلَافِ اللَّيْلِ وَالنَّهَارِ وَمَا خَلَقَ اللَّهُ فِي السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ لَآيَاتٍ لِّقَوْمٍ يَتَّقُونَ –
10:6
« Dans l’alternance de la nuit et du jour, et aussi dans tout ce qu’Allah a créé dans les cieux et la terre, il y a des signes, certes, pour des gens qui craignent (Allah). »

« En Lui je me suis « absenté », lorsqu’en moi s’est établi Sa présence »

Ceci est en étroite connexion avec les notions précédentes.
L’être non plus ne disparaît pas dans le sens où il ne serait plus existencié ou serait effacé, n’« apparaissant » plus dans le monde. Pour mieux définir la réalité de cette disparition, on évoquera la notion d’ « absence », c’est-à-dire : être, mais… pas ici ! pour signifier que dans le Principe qui contient en Son Infinité tout possible, l’être expérimentant la venue du « Vrai » se re-trouve « caché » ou « oblitéré» en ce monde même, comme il se trouve l’être (déjà) de toute éternité dans la Science Divine. La racine arabe ghaba génère ces deux perceptions (Absence et occultation).

Ceci n’est autre que la réalité profonde de la deuxième partie du témoignage : محمد رسول الله
Du vivant (au sens commun du terme) de l’Envoyé ﷺ , quand il lançait, « Allah lançait » (référence à Q_8_,_17__)
L’être, saisi par le « Vrai » et actualisant cette expérience de disparition du vain (dont il fait partie), à toutes les époques, continue de vivre pourtant dans le monde : qui le voit extérieurement, voit une créature ordinaire comme une autre (et effectivement : il y a (en apparence) créature ordinaire). Cet être toutefois, par sa connaissance, faisant qu’il ne peut s’attribuer ce qu’il sait ne pas avoir, est totalement « mu » et « agi » par le seul Être nécessaire. Il s’agit bien entendu d’une connaissance bien au-delà de l’érudition ou représentation mentale.

فلم تدر من انت فكنت و لا انت
« Tu ne sais qui tu es, car tu es mais non toi »

Tous ne sauraient voir cette « Vérité », ce qui a fait dire à un compagnon s’adressant à certains de ses contemporains : « Vous ne connaissez de l’Envoyé, ce que connaît de l’épée, celui qui n’a vu que le fourreau ».
Ainsi en est-il pour les saints de Dieu, ce qui a fait dire à un Connaissant de la Voie « Il est plus facile de connaître Dieu que de connaître Ses saints ! ».

وَإِن تَدْعُوهُمْ إِلَى الْهُدَىٰ لَا يَسْمَعُوا ۖ وَتَرَاهُمْ يَنظُرُونَ إِلَيْكَ وَهُمْ لَا يُبْصِرُونَ – 7:198
Et si tu les appelles vers le chemin droit, ils n’entendent pas. Tu les vois qui te regardent, (mais) ils ne voient pas.

وَقَالُوا مَالِ هَٰذَا الرَّسُولِ يَأْكُلُ الطَّعَامَ وَيَمْشِي فِي الْأَسْوَاقِ ۙ لَوْلَا أُنزِلَ إِلَيْهِ مَلَكٌ فَيَكُونَ مَعَهُ نَذِيرًا – 25:7
Et ils disent: «Qu’est-ce donc que ce Messager qui mange de la nourriture et circule dans les marchés? Que n’a-t-on fait descendre vers lui un Ange qui eût été avertisseur en sa compagnie?

N’encourt aucun blâme, qui dévoile alors ce qui était caché ; Secret dévoilé !

Le Saint, héritier de l’Envoyé, n’a pas de fonction légiférante mais plutôt vivificatrice pour l’élite de la communauté. A ce titre il y moins de contraintes de réserve vis-à-vis du dévoilement du secret, bien plus, cette diffusion fait partie intégrante de sa mission de lieutenance car le « Dis ! » قل s’adresse aussi à lui.

و الله اعلم عليه توكلت و هو رب العرش العظيم، و السلام

وَقُلْ جَاءَ الْحَقُّ وَزَهَقَ الْبَاطِلُ ۚ إِنَّ الْبَاطِلَ كَانَ زَهُوقًا﴾ – 17:81 ﴿

1. Depuis qu’Il s’est montré, de passion mon cœur vague ;
Joies manifestes !

2. De ma vue tous les humains ont disparu ;
Danse des esprits !

3. En Lui je suis « absent», lorsqu’en moi Il s’est rendu « présent »,
Lumière éclatante !

4. Toi-même ! Je n’ai eu d’autre but ! ;
Toi, Lumière des magnificences !

5. Cet univers est tel un mirage s’évanouissant ;
Apparences éphémères !

6. L’existant, vu à la fine pointe du regard, c’est Lui ;
Roi, Conquérant !

7. Qui vit de passion, s’absente et s’enivre ;
Nulle faute !

8. N’encourt aucun blâme, qui dévoile alors ce qui était caché ;
Secret dévoilé !

9. Il a vu le Bien-aimé, pareil à la lune aux yeux de tous ;
Ou soleil du matin !

10. Son cœur frappé d’émerveillement halète ;
Pleurs et cris !

11. Il a mis en pièces les haillons dissimulant le Secret ;
Coupe cassée, Vin débordant !

Note : Pour la traduction et pour rendre à la fois le caractère concis de la langue arabe et le rythme du poème, nous avons préféré les substantifs aux formes verbales. En espérant faire passer au mieux le souffle qui habite ces vers !

الشيخ سيدي محمد المدني

الشيخ سيدي محمد المدني

1. هَـــــامَ قَلْبِي بِالمُنَى لَمّاَ ظَهَر وَبَـدَا الأَفْـــرَاح
2. وَاْنتَفَى عَــنْ نَاظِرِي كُلُّ البَشَر وَاهْتَـــزَّ الأَرْوَاح
3. غِــــبْتُ فِيهِ لَمَّا فِيَّ قَدْ حَضَر نُورُهُ الـــوَضَّاح
4. لَيْسَ لِي فِي غَيْـــرِ ذَاتِك وَطَر يَا نُــورَ الـمِلاَح
5. هَذَا الـــكَوْنُ كَسَرَابٍ مُنْدَثَر فَإِنِي الأَشْــــبَاح
6. إنَّمَا الـــمَوْجُودُ فِي عَيْنِ البَصَر الـمَالِــكُ الفَتَّاح
7. كُلُّ مَنْ هَــــامَ فَغَابَ فَسَكَر مَـــــالَهُ جُنَاح
8. لاَ مَــــلاَمَ إِنْ فَشَا مَا قَدْ سَتَر وَبِالــــسِرِّ بَاح
9. شَاهَدَ الـمَحْبُـوبَ جَهْرًا كَالقَمَر أَو كَـشَمْسِ الصّبَاح
10. دَهَــــشَ الفُـؤَادَ مِنْهُ وانْبَهَر فَبَــــكَى وَصَاح
11. مَزَّقَ الأَطْمَارَ وَالكَأْس انْكَسَــرْ لَـمَّا فَاضَ الــرَّاح

Traduction, étude et analyse de Sidi Abd al-Malik, Mouqaddam de la Tariqua Madaniyya en France.
14-11-2017

Dans ta beauté, tu as condensé tout ce que l’on escompte.

Dans ta beauté, tu as condensé tout ce que l’on escompte.

Dans ta beauté, tu as condensé tout ce que l’on escompte.
Lorsque ton visage apparait, toute chose s’estompe.
Ô Maître ! à chaque fois que tu apparais à l’amoureux, ce dernier se plie.
Par l’œil de la perfection, Tu es au delà de toute hauteur.
Toute beauté est en Toi manifeste ; Heureux quiconque te rencontrera.
Toutes les contrées, de l’Est et de l’Ouest, ont besoin de ta Lumière.
Au delà de tous, tu es victorieux, car tu es l’Essence et l’Effet.
Ô lumière des prunelles des yeux, ô mon but ultime.
De ton amour, tu m’as abreuvé du vin, qui enivre tous le monde.
Impatient, je reste pour ton amour, ô toi qui désaltère le corps et l’âme.
Pour toi, j’ai abandonné les amis ; excepté Toi, je n’ai aucune finalité.
A mes yeux, est devenu étrange quiconque supporte ton éloignement.

Jama‘ta fī husnika al-matālib famā lanā li-ssiwā nazar
Wa kullu chay’in arāhu ġā’ib lammā badā wajhuka –l-aġarr
Yā sayyidan kumllamā tajallā ilā muhibbin lahu hada‘
Anta bi-‘ayni -l-kamāli a‘lā min kulli man fī-l-‘ulā rtafa‘
Wa- kullu husnin bi-kum tajallā
Tūbā li-man bika qad ijtama‘
Machāriqu-l kawni wa-l-maġārib
Kullun ilā nūrika fataqar
Wa- anta fawqa l-jamī‘i ġālib li-‘annaka l- ‘aynu wa-l- atar
Yā nūra ‘ayni-l- ‘uyūni turran
Yā ġāyat al-qasdi wa-l-murād
Saqaytanī min hawāka hamran
Ahālati-l qawma li-ssuhād
Wa- lam ajid ‘an hawāka sabran
Yā sāqiya –l- jismi wa-l-fu‘ād
Hajartu min ajlika –l-habā’ib
Id laysa lī dūnaka watar
Wa- sāra ‘indī mina l-‘ajā’ib
Wujūdu man ‘ankumu sabar

Zaouiya Madaniyya 9 oct 2017

Lorsque les colombes roucoulent …

Lorsque les colombes roucoulent …

Introduction :

Très beau poème résumant en une vertigineuse synthèse, l’expérience de « l’éveillé », expérience qui réserve toute l’immensité ineffable du Principe. « Jamais, mon œil n’a vu autre chose qu’une poignée de sublimité ». Confrontation consciente et assumée entre celui qui a « trouvé » dans le Wajd la réalité de son être Vrai et Celui qui dit de Lui-même :

سُبْحَانَ رَبِّكَ رَبِّ الْعِزَّةِ عَمَّا يَصِفُونَ – 37:180
Gloire à Ton Seigneur, Seigneur de la Sublimité Transcendant ce qu’ils Lui attribuent (en fait de qualités)

avec ceux dont il est dit :

مَا قَدَرُوا اللَّهَ حَقَّ قَدْرِهِ – 22:74
Ils n’ont pas mesuré Allah à sa mesure réelle

Connaissance parfaite de « l’éveillé » qui sait que la Vérité (Haqiqa) et la Loi (Shariya) ne sont que deux facettes d’une même réalité qui est la Réalité de l’Envoyé, Prières et Paix sur lui Amin.

Dans toute l’Existence, la plus belle lune en est un Messager ;
de la hauteur duquel émanent les lois sacrées.

Qu’Allah nous assiste dans le voyage vers Lui et en Lui , Amin

Traduction:

1. Quand les colombes roucoulent sur les rameaux d’un muscadier,
que les pigeons leur répondent caracoulant dans les bosquets.

2. Mon oreille a alors seulement entendu de l’amour, la mélodie;
C’est bien Toi que j’entends, et non des oiseaux le cri[[L’auteur emploie un pluriel mais il s’agit bien ici du Principe Divin envisagé dans la pluralité de Ses
manifestations.]] .

3. Jamais, mon œil n’a vu autre chose qu’une poignée de sublimité ;
accourons vers ce en quoi réside notre beauté !

4. Dans tout l’univers, une seule note guérit, qui dépérit ;
un regard aussi ; une lumière resplendissante, de cette poignée jaillit.

5. Si je m’abîme dans l’extase[[Le wajd peut être interprété par le fait de « trouver » (racine W J D) ce qui est de toute éternité, c’est-à-dire l’identification avec l’Etre Un. Il s’agit plus d’une in-stase plutôt que d’une ex-stase mais nous avons gardé le terme consacré par l’usage qui décrit bien les effets de cette expérience pour un regard extérieur.]], l’envieux va me désapprouver ;
et je crains que mon cœur ne s’y refuse, si je décide d’y résister

6. Oui, Endurer le blâme de contradicteurs me paraît plus délicieux ;
et pour la patience, dans mon cœur, point de lieux !

7. Je sais avec certitude qui j’adore désormais;
Les « souffles » de Son Esprit sont déposés dans mes entrailles à jamais.

8. Des couleurs de Sa beauté se lève un soleil,
Ses étoiles culminent dans le ciel.

9. Dans toute l’Existence, la plus belle lune en est un Messager ;
de la hauteur duquel émanent les lois sacrées.

10. Sur lui une salutation offerte par Al-Madānī, d’amour transporté,
qui pour Ton amour, son amour a troqué.

traduction et notes en françasi, sidi Abd al-Malik, Muqaddam de la voie madaniyye en France (Limoges).

Zaouia Madaniyya 24 septembre 2017

L’habit de l’illusion s’est déchiré

L’habit de l’illusion s’est déchiré

بسم الله والحمد لله، لا إله إلا الله محمد رسول الله
اللهم صل وسلم على سيدنا محمد وآله وأصحابه ولا حول ولا قوة إلا بك يا رب، يا حق يا مبين.

Présentation

Nous présentons dans cette courte étude un poème extrait du recueil du Shaykh Muhammad Al-Madanî.

L’étude des poèmes des maîtres soufis permet, au-delà du caractère spécial de textes manifestement écrits dans en état« d’ivresse spirituelle », de relever les points de Doctrine qui y sont naturellement enchâssés en tant qu’expression de la Vérité.

Ce sont eux qui donnent à l’aspirant la « nourriture » nécessaire à la poursuite de sa quête en lui fournissant à la fois l’impulsion (volonté de continuer), l’énergie (force pour continuer) et l’orientation (connaissance du chemin à emprunter).

Il faut noter que dans la plupart des formes actuelles de Turûq, la diffusion de la doctrine s’effectue par le biais de ces poèmes chantés lors de séances collectives, ou, dans la cadre d’un travail initiatique personnel, étudiés et mémorisés individuellement par ceux des aspirants qui le désirent.

Le développement du contenu serait foisonnant pour qui voudrait se donner la peine de s’y adonner. On trouve effectivement à chaque vers pour ne pas dire sous chaque mot, une allusion faisant référence à un verset du texte Sacré, un hadîth, un point de doctrine de la science du Qawm (gens de l’élite), un symbole du patrimoine universel de la Tradition et même quelquefois des thèmes issus de la culture arabo-musulmane ou associés à la poésie antéislamique. Disons-le sans détour, nous avons donc à faire à des textes d’une densité exceptionnelle.

Mais, le principe d’efficience initiatique de cet enseignement ne passe pas nécessairement par une étude analytique et quelquefois même conseille de l’éviter. En cohérence avec la « forme » providentielle revêtue par les rites de la Voie, cette sagesse va se fixer directement sous forme synthétique dans le centre le plus intime de l’aspirant, non à son insu, mais en court-circuitant certaines facultés individuelles susceptibles d’interférer dans l’apprentissage. Rappelons que les facultés facilitant l’instruction « profane » ne sont nullement des conditions préalables à la Voie et peuvent même nuire.

C’est pourquoi nous ne donnerons que quelques indications dans le seul but de révéler le caractère vivant et accessible de la Doctrine telle qu’elle est fixée dans ces poèmes.

Le thème principal qui colore le texte est directement abordé dans le premier vers. Il concerne les voiles qui empêchent la contemplation de Dieu. En fin connaisseur des secrets, le shaykh al-Madanî va aborder la nécessité d’un voile qui sera la condition pour lever d’autres voiles ! Il va également rappeler les conditions indispensables à cette contemplation dont il affirmera par ailleurs explicitement l’expérience.

تمزق ثوب الوهم فأضاء ناظري * و انطوى حجاب البعد فنار خاطري

La parure de l’illusion s’est déchirée et mon regard en a été illuminé ; Le voile de la « distance » s’est replié, ma conscience en a été embrasée.

Nous trouvons dans le premier vers les racines Parure Th W B et voile H J B : Dans les deux cas, il s’agit d’une chose qui en recouvre une autre. L’enlèvement ou la disparition de cet écran fait apparaître l’objet recouvert. Celui-ci peut gagner soit à être voilé ou soit à être dévoilé. Ainsi Allah « couvre » nos fautes et les masque dans Son Pardon, mais Lui-même, selon un Hadîth célèbre, est voilé par 70 000 voiles de lumières et de ténèbres. C’est à la levée de ces voiles que font allusion ces vers.

Il est à noter que le shaykh fait bien mention de deux niveaux de dévoilement.

L’un aboutissant à une « délivrance » au niveau spirituel dont le marqueur est la lumière, délivrance permettant la « vision » qui est un mode de connaissance direct et instantané.

L’autre au niveau animique, dont le marqueur est le feu, libérant l’activité psychique et mentale et permettant une connaissance en mode individuel construite à partir d’un flux de pensées apaisé et purifié. La racine arabe خطر signifie en son acception « brute » : aller et venir, agiter, secouer. D’où : passer par la tête, avoir une idée, ce qui traduit parfaitement l’activité mentale individuelle ordinaire plus ou moins chaotique.

On retrouve donc les deux niveaux de libération présents dans les deux expressions : « Délivrance » concernant« l’Esprit » informel qui s’identifie à Dieu [dans Q 15,29 : « ….lorsque j’aurais insufflé en lui (Adam) mon esprit… »], et « Salut » qui concerne l’âme individuelle délimitée par sa forme propre. Ceci est réellement l’indice le plus sûr d’une connaissance non altérée de la véritable nature du « composé » humain à la fois en tant que créature et Lieu-tenant de Dieu. On sait que la confusion du psychique et du spirituel, au niveau du sens et du langage, est à l’origine de la déviation du monde « moderne » et contient en germe toutes les erreurs qui y prospèrent aujourd’hui sans retenue. On sait aussi que l’enseignement initiatique est irrémédiablement inaccessible à ceux qui ne peuvent voir au-delà de leur ego et interprètent la « Réalisation » dans le sens d’une extension indéfini de celui-ci. L’injonction de « Mourir avant de mourir » n’est pas vaine, si dire : « mon salut » ! a un sens, dire ou «penser»: «ma délivrance» ! au sens défini plus haut, n’en a aucun. Néanmoins, au niveau de « l’esprit » la première personne reste possible (le Prophète ﷺ (sallā Allāhu ‘alyhi wa sallam) utilise par exemple dans certains hadîths rûhî (mon esprit روحي), shaykh al-Madanî utilise nazarî (ma vision) car il s’agit encore – au niveau où ils veulent se placer – d’une entité spirituelle qui, bien que non individuelle, reste distincte du Principe.

Mais dans la « délivrance », il s’agit bien au final de l’Esprit de Dieu (Rûh Allah روح الله ) en Dieu. Si le Moi Divin et le moi individuel ou informel coïncident au niveau de l’essence (quand, à tous les degrés de l’existence, on dit « je veux »en réalité concomitamment Dieu dit « JE veux »), les attributs diffèrent et, « le serviteur reste serviteur » lors que « Dieu est Dieu » الحق حق(et n’a jamais cessé de l’être).

ينثني غصني اذا شاهدت جماله * قد بدا لي ظاهرا في مراة الساتر

Ce vers explicite un enseignement cardinal sur la contemplation de Dieu en Son Essence et sur le symbolisme très riche et complexe du miroir dont nous ne donnerons qu’un aperçu très retreint.

Le premier point à mentionner est l’emploi du terme dhahiran ظاهراً
(extérieurement) que nous avons traduit improprement et faute de mieux par « parfaitement ».

La faculté imaginative (en arabe Khayyal, à ne pas confondre avec wahm : production interne d’images suscitées par les facultés individuelles inférieures afin de séduire les autres) est ordinairement destinée à donner forme auxreflets des réalités informelles dans le but de les rendre accessibles, autant que faire se peut, aux autres facultés de l’individu. Ces facultés, à leur tour, les présentent synthétiquement au « cœur » (« essence » ou « centre » de l’être individuel). L’emploi du terme dhahiranظاهراً suggère ici un processus « extérieur » aux sens internes, la vision du Bien Aimé s’effectuant par ce que l’on appelle « l’œil du cœur », sans intervention de la faculté imaginative de l’être à qui elle s’impose. Parfaitement donc, car ici la vision n’a pas été altérée par une « traduction », et, quand bien même elle eut lieu dans un miroir comme on va le voir plus bas, elle n’est pas médiate au niveau formel car le rayon provenant de ce miroir touche directement le centre de l’être (cœur) sans passer par la réflexion des sens internes. On sait en effet que c’est lors du transfert du khayyal au mental que peuvent se glisser les insinuations ou waswas de «l’adversaire», et que le mental lui-même, par ses limitations propres, peut peser sur la fiabilité du « message ».

La nature de cette vision fait écho aux versets :

مَا ضَلَّ صَاحِبُكُمْ وَمَا غَوَىٰ – 53:2 Votre compagnon ne s’est pas égaré et n’a pas été induit en erreur

وَمَا يَنطِقُ عَنِ الْهَوَىٰ – 53:3 et il ne prononce rien sous l’effet de la passion;

مَا كَذَبَ الْفُؤَادُ مَا رَأَىٰ – 53:11 Le cœur n’a pas menti en ce qu’il a vu.

Parfaitement aussi, car Il s’agit d’une une vision totale de « l’Invisible » الغيب (al Ghayb) , dans «l’extérieur» même du créé, et qui se superpose à la vision de celui-ci sans que l’une ne cache ou n’empêche l’autre. Shaykh al Alawi avait déjà écrit :

و الان قد بدا و الكون في حلاه

«Il (Dieu) est maintenant apparu alors même que la création revêt sa parure».
Ces affirmations concernent des êtres «réalisés dans la vie», alors que la grande majorité des «aspirants» sincères ne pourront jouir de ces dévoilements qu’après leur mort corporelle, moment impliquant la dissolution des facultés individuelles y faisant obstacles, ان شاء الله.

Le deuxième point que l’on peut relever, concerne le symbolisme du miroir permettant de voir «ce qui ne peut l’être directement». Cette impossibilité de vision directe tient soit du fait de l’impossibilité du contemplant de se contempler lui—même sans l’aide d’une réalité lui renvoyant son image, ou, de l’impossibilité du contemplant de supporter sans « filtre » l’image directe que lui renvoie le contemplé.

Le premier cas nous entrainerait trop loin et se rattache à un enseignement plus profond synthétisé dans les deux maximes du maître de Shaykh Al Madanî:

الحق لا تدركه الابصار و هو يدركها و كيف تدركه و هو اقرب اليها من نفسها و هل يمكن للعين ان ترى عينها ؟

Le Réel (Allah) ne peut être saisi par les regards, c’est Lui qui les « saisit ».
Comment pourraient-ils l’atteindre, alors qu’Il est plus près d’eux qu’ils ne le sont d’eux-mêmes !
Est-il possible à l’œil (l’essence) de voir son œil (essence) ?

العارفون صيفات عارف بربه و عارف بنفسه الا ان العارف بنفسه اشد معرفة من ال عارف بربه

«Les gens de connaissance sont soit« connaisseur de son Seigneur », soit « connaisseur de lui-même », mais celui qui se connaît lui-même est d’une connaissance plus profonde que celui qui connaît son Seigneur»

Le deuxième cas est illustré entre autres par le mythe grec de Persée qui ne put échapper à la pétrification et aller au bout de sa quête, qu’en regardant Méduse – représentant ici le masque « terrible » du Néant-Principe -dans le miroir de sonbouclier.

Mais c’est le passage coranique relatant le désir du prophète Moïse de pouvoir voir directement le Dieu qui lui parle et qu’il entend, qui sera le plus adapté pour l’illustration de notre propos.

وَلَمَّا جَاءَ مُوسَىٰ لِمِيقَاتِنَا وَكَلَّمَهُ رَبُّهُ قَالَ رَبِّ أَرِنِي أَنظُرْ إِلَيْكَ ۚ قَالَ لَن تَرَانِي وَلَٰكِنِ انظُرْ إِلَى الْجَبَلِ فَإِنِ اسْتَقَرَّ مَكَانَهُ فَسَوْفَ تَرَانِي ۚ فَلَمَّا تَجَلَّىٰ رَبُّهُ لِلْجَبَلِ جَعَلَهُ دَكًّا وَخَرَّ مُوسَىٰ صَعِقًا ۚ فَلَمَّا أَفَاقَ قَالَ سُبْحَانَكَ تُبْتُ إِلَيْكَ وَأَنَا أَوَّلُ الْمُؤْمِنِينَ
– 7:143

Et lorsque Moïse vint à Notre rendez-vous et que son Seigneur lui eut parlé, il dit : «O mon Seigneur, montre Toi à moi pour que je Te voie ! » Il dit : « Tu ne Me verras pas ; mais regarde le Mont : s’il tient en sa place, alors tu Me verras. » Mais lorsque son Seigneur Se manifesta au Mont, Il le pulvérisa, et Moïse s’effondra foudroyé. Lorsqu’il se fut remis, il dit : « Gloire à Toi ! A Toi je me repens ; et je suis le premier des croyants.» Muhammad Hamidullah

Le mont, qui joue ici le rôle du miroir permettant de refléter ce qui est impossible à voir directement, a volé en éclat. Il n’a pas pu protéger Moïse et n’a pas pu lui permettre la contemplation de « l’in-contemplable ».
On comprend donc définitivement pourquoi Shaykh Al-Madanî mentionne le terme « al satir » (celui qui protège) comme le propriétaire ou la qualité principale du miroir dont il eut la grâce d’user.

La racine Sa Ta Ra ستر évoque aussi le voile, mais cette fois ci, il s’agit d’un voile « protecteur » puisque la racine véhicule aussi les notions de « protection, abri, dissimulation pour échapper à… » . Le Nom « as Sattar » est d’ailleurs utilisé encore spontanément par tout musulman jugeant une situation périlleuse et demandant l’aide d’Allah.

En effet, pour s’engager sûrement dans la quête de la contemplation, il faut disposer du bon miroir au risque de ne voir que son image individuelle… ou pire encore !

Ce miroir doit donc être bien orienté (lui-même face à la Vérité), parfaitement réfléchissant (sans distorsion et vierge de toutes impuretés), et posséder la vertu de protéger de l’éblouissement puisque l’image réfléchie sera aussi éclatante que la lumière incandescente du soleil qui en est le symbole dans notre monde « obscur », soleil qui peut s’avérer terrible, au zénith en plein désert !

Quel miroir ?

من رآني فقد رأى الحق

«Qui m’a vu, a vu Al Haqq (Dieu, la Réalité Ultime)»
Hadiths in bukharî 6058

Le Prophète ﷺ étant essentiellement « miséricorde pour les mondes », est la porte de cette vision. Il est le Médiateur par excellence, pas seulement en tant qu’intercesseur pour le « salut des âmes » et la continuité de l’illusion existentielle dans les degrés supérieurs de l’Existence (paradis), mais surtout en tant que moyen de délivrance de « l’Esprit » ou Soi. Celui-ci est « temporairement » et illusoirement prisonnier du WUJUD.

ما من ذرة في الوجود الا و عليها اسم من اسماء المعبود.

Le « miroir Mohammadien » réunissant toutes les conditions mentionnées, est le miroir parfait de la Réalité Ultime qui permet de la contempler intégralement. C’est pourquoi, ce sera seulement en lui que l’on pourra La « saisir » en étant préservé du vertige pharaonique divinisant la créature – et non l’Esprit dont elle est pétri, car la vision dans ce miroir est Paix.

مَا زَاغَ الْبَصَرُ وَمَا طَغَىٰ – 53:17 la vue n’a nullement dévié ni outrepassé la mesure

La « Voie » Madani, de noble ascendance traditionnelle, insiste sur l’amour à porter à l’Envoyé ﷺ, l’élan sincère à avoir dans la pratique de ses vertus, le désir impatient de s’abreuver à son enseignement.
Elle fait cela en la personne d’un Maître qui, en jouant à son niveau le rôle de Miroir parfait du Prophète ﷺ, de la même façon que celui-ci est le miroir parfait du Vrai (Haqq), n’incite qu’à cela.

Ainsi, les aspirants effectuent en toute sécurité leur « remontée active » au Principe, simultanément dans les Voies de l’action, de l’Amour et de la Connaissance. Louanges à Allah Très Haut pour cette Grâce ! Amin.
Ô faqir, ne passe pas une journée sans mentionner à ta conscience une qualité de l’Envoyé ﷺ que tu chercheras à développer, sans voir tes défauts comme l’inversion exécrable de son noble caractère, sans t’éclairer à la lumière de ses faits et gestes, sans attendrir ton âme à son souvenir, sans transmettre à autrui l’étincelle de ton amour pour ce qu’il est. C’est une condition de la foi !

« 15 » حدثنا يعقوب بن إبراهيم قال : حدثنا ابن علية عن عبد العزيز بن صهيب عن أنس عن النبي صلى الله عليه وسلم (ح) وحدثنا آدم قال : حدثنا شعبة عن قتادة عن أنس قال : قال النبي صلى الله عليه وسلم : ((لا يؤمن أحدكم حتى أكون أحب إليه من والده وولده والناس أجمعين)).

«Nul parmi vous ne pourra prétendre à la foi, sans que je ne sois pas à ses yeux plus cher que sa parenté et l’ensemble des gens»
Qu’Allah nous y aide ! Amin.

Le fidèle en purifiant son intérieur, devient également un « miroir » permettant à un autre fidèle de voir ses qualités et ce qui peut l’aider à s’élever (« le fidèle est le miroir du fidèle » Hadîth).

De même, par ce caractère « réflexif » il se trouve protégé, en renvoyant aux êtres démoniaques qui l’attaquent, l’image de leur Principe véritable, ces attaques retournent donc à leur état non manifesté. (Voir vers n°11 ci-dessus).
On trouve ainsi par exemple dans les oraisons de shaykh MuhyiDin Ibn Arabi l’invocation suivante :

و قابل مرآتي بتجل تام من جواهر أسماء جلالك و قهرك فلا يقع علي بصر جبار
من الإنس و الجن إلا انعكس عليه من شعاع ذالك الجوهرة ما يحرق نفسه الأمارة بالسوء
و ترده ذليلا و ينقلب عني بصره خاسئا كليلا
.

«Et mire Toi dans mon miroir par une manifestation parfaite d’un des joyaux des Noms de Ta Splendeur et de Ta force réductrice, de sorte que pas un seul regard de quelque tyran d’entre les hommes ou les génies, ne tombe sur moi sans que, des rayons de ce joyau, une vertu ne le contre-attaque et brûle son « âme qui entraîne au mal » et ne le force de retourner confondu, et de détourner son regard émoussé et affaibli.» Oraisons du vendredi.

Cette protection est accordée également de manière plus indistincte et moins efficiente à tout musulman récitant avec conviction la sourate 113 dite de protection.

Cette conscience était « à l’ordre du jour » aux temps apostoliques après la révélation Christique !

Epître II Corinthiens ch3 v18. « Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit. »et si elle fut présente dans la chrétienté Catholique et « relativement » expérimentée jusqu’au XIV XV, c’est peu dire que la question n’est plus vraiment d’actualité.

و الله اعلم عليه توكلت و هو رب العرش العظيم، و السلام

Poème et notes de traduction.

1 La parure de l’illusion s’est déchirée et mon regard en a été illuminé ;
Le voile de la « distance » s’est replié, ma conscience en a été embrasée.
2 A la Lumière de notre Seigneur a fleuri le jardin de mon cœur ;
Et, tout ce qui de moi paraît, fait parade de Sa Beauté.
3- Le Bien Aimé a visité mon cœur ;
Sans exception, toutes les créatures s’épuisent à cette attente ! Ô quel Noble visiteur !
4- C’est sur le tapis de l’intimité qu’eut lieu notre rencontre ;
Alors, des ténèbres, l’ombre s’est transformé en éclat.
5- L’amour en a été le prix et j’ai dû au préalable lui céder mon être,
Existe-t-il autre chose que l’amour à offrir en dot à un si noble Bien Aimé ?
6- L’amoureux peut-il offrir autre chose que (son) être ;
Alors qu’il sera tout entier empoigné en la dextre puissante de l’objet de Son amour ?
7- Il cueille une fleur en Son jardin ;
Fleurs qui apparaissent à Sa Lumière éblouissante.
8- A mes yeux, un seul visage rayonne ;
Notre Bien Aimé prend entièrement possession de nos cœurs.
9- Ses demeures jouxtent celle de notre gloire ;
Nous en sommes les rois pour qui peut voir.
10 – Par pure jalousie, le réprobateur décoche sa flèche ;
Mais le flèche de tout perfide rival, m’évite sans mal.
11- Elle ne peut atteindre un cœur offert en offrande, par l’amour attendri ;
Bien plus, le cœur d’un amoureux qui (pour son amour) a été capable du total oubli .
13- Mon écoute se fait attentive sitôt que sont évoqués les détails de Sa perfection ;
De joie, je danse, tel l’oiseau sautillant.
14- Mon rameau ploie lors de la contemplation de Sa beauté ;
Et, c’est parfaitement qu’Il m’est apparu dans le miroir du protecteur.
15- Le miroir s’est trouvé orné des couleurs de Sa beauté ;
Et a révélé (eu égard à cette clarté) l’aspect misérable de l’aube pourtant flamboyante.
16 -Les matins sont une lueur, les nuits une tâche sombre ;
Ceci comme cela, tout est l’effet de Son « extériorisation ».
17- Les matins sont Sa Lumière, les nuits Sa création ;
Mon explication est claire pour qui est clairvoyant.
18- Il est le Tout dans la création, et de même dans tout étant ;
Il s’est révélé dans les deux mondes en chacun de leurs aspects.
19- Cette (connaissance est une) liqueur, au milieu du néant, apparue ;
Pouvant enivrer toute créature par la douceur de ses sucs.
20- L’échanson en est mon Maître, pôle des vertus ; Al-‘Alāwī notre refuge, Il est paré de mérites et de gloires
21- Ô notre Seigneur, agrée le, afin qu’al-Madani soit sous sa protection, dans ce bas-monde et le jour dernier.
22- (et je demande cela) par (la suprême dignité de) l’essence de l’existence, celui par qui s’est révélé Sa beauté ; Que soit sur lui la prière d’Allah ainsi qu’une salutation de paix parfumée.

Étude, notes et traduction sidi Abd al-Mālik, Muqaddam de la (France).

التحقق

التحقق

1. تَمَزَّقَ ثوبُ الوهمِ فأضاءَ ناظِري * وانْطَوى حِجابُ البُعد فَنَارَ خاطِري

2. أزْهَرَ رَوضُ قَلبي بِنور رَبِّنَــــا* فازْدَهى بِحُسنه ما بَدا فَي ظاهــــري

3. وزارَ المَحبوبُ قَلبي فَاكتَحَلَت به * أبصارُ الوَرى طرًّا يا لَه مِن زائِـــــر

4. وعَلى بِساطِ الأنسِ كانَ اجتماعُنا * واسْتَحال إشراقًا ظـــــــــلامُ الدَّياجِر

5. فَبِعتُه روحي قِدْمًا والثَّمنُ الهَوى * وهَل كالهَوى مَهرٌ مِن حَبيبٍ هـــاجِرٍ

6. وهَل كَالأرواح تُهدى من عاشقٍ * غَدا مُنطَويًا بِيَمين المَعشوق القَاهِرِ

7. والمُحبُّ يَجتَني زَهرَةً مِن رَوْضِه * والزَّهرُ تَبَدَّى مِن سنائِهِ الــــــباهِر

8. فَلَيسَ في نَظرتي سوى وَجْهٍ تَجَلَّى * إذ بَدا مَحبوبُنا مالكًا ضــــــمائري

9. وأوْطانُهُ غَدت عندَ بَيتِ عــــزِّنا * فَنَحنُ مُلوكُـــــــــه لِذَوي البَصائِرِ

10. والعُذّالُ أصْبَحت بِالسِّهام حَسَدًا * والسِّهامُ تَنثَني عَن عَذولٍ غـــــادِر

11. لا تُصيب قَلبًا أضْحى لَطيفًا بالهَوى * بل فُؤادَ عاشقٍ للسلوان قَادِر

12. والمَلامُ فِي الحَبيب عِندي يَحلو ذِكرُه * ولكنَّ هَجْرَه لا يَراه عاذِري

13. وتَفصيلُ حُسنِه يُصْغي سَمْعي نَحوَهُ * فَأهتَزُّ طَرَبًا كاهتِزاز الطَّائِر

14. يَنثَني غُصني إذا شاهَدتُ جَمالَهُ * قَد تَجَلَّى ظاهرًا في مرآةِ السَّاتِر

15. والمِرآةُ زُيِّنَت بِألوان حُسنِـــــــه * فَأضْحت مُزريَةً بالإصباح النَّائر

16. والإصباحُ لَمْعَة و الليالي خَلْقُهُ * وتَفسيري واضحٌ لِذَوي البَصائِر

17. فَهو الكلُّ في الوَرى في كلِّ كَائنَةٍ * بالكَونَيْنِ تَجَلَّى في كلِّ المَظاهر

18. فَهاتِه خَمرَةٌ قد بَدت بَينَ المَلا * أسْكَرت كلَّ الوَرى مِن طِيبِ العَناصِرِ

19. وساقِي كُؤوسِها أستاذي قُطبُ العُلا * لعَلاوي غَوثُنا صَاحبُ المَفاخِرِ

20. فَأرضِهِ يا رَبَّنا كَي يَكونَ المَدني * في حِماهُ في الدُّنيا وفي اليَوم الآخِرِ

21. بِروحِ الوُجودِ مَن تَجَلَّى مِنه البَها * عَليه صَلاة اللهِ مَع سَلامٍ عَاطِرِ

Transcription :

Tamazzaqa ṯawbu al-wahmi

1. Tamazzaqa ṯawbu al-wahmi fa-aḍāʾa nāẓirī* wā nṭawā ḥiǧābu al-buʿd fa-anāra ẖāṭirī
2. Wa azhara rawḍu qalbī binūr Rabbinā * fāzdahā bi-ḥusnihi mābadā fī ẓāhirī
3. wazāra al-Maḥbūbu qalbī fāktaḥalat bihi * abṣāru al-warā ṭurrāan yālahu min zāʾīr
4. wa ʿalā bisāṭ al-ʾunsi kāna iǧtmāʿunā * wā staḥāla išrāqāan ẓalāmu l-dayāǧiri
5. fabiʿtuhu rūḥī qidmāan wā l-ṯamanu al-hawā* wa hal kāl-hawā mahrun min Habībin hāǧirin
6. wa hal kāl- arwāḥi tuhdā min ʿāšiqin * ġadā munṭawiyāan bi-yamīni l-maʿšūqi l-qāhiri
7. wā-l-muḥibbu yaǧtanī zahrātan min rawḍihi * wā -zzahru tabaddā min sanāʾīhi l-bāhiri
8. falaysa fī naẓratī siwā waǧhin taǧalā * iḏ badā maḥbūbunā Mālikāan ḍamāʾiri
9. wa awṭānuhu ġadat ʿinda bayti ʿizzinā * fa-naḥnu mulūkuh li-ḏawī l-baṣāʾīri
10. wa-l- ʿudḏālu aṣbaḥt bi-ssihāmi ḥasadāan* was-sihāmu tanṯanī ʿanʿaḏūlin ġādiri
11. lā tuṣību qalbāan aḍḥā laṭīfāan bi-l-hawā * bal fūʾāda ʿāšiqin li-s-sulwān qādiri
12. wal-malāmu fī l-ḥabīb ʿindī yaḥlū ḏikruhu * wa lakinna haǧruh lā yarāhu ʿāḏirī
13. wa tafṣīlu ḥusnih yuṣġī samʿī naḥwahu * fa-ahtazzu ṭarabāan kā-htizāzi l-ṭāʾīri
14. yanṯanī ġuṣnī iḏā šāhadtu ǧamālahu * qad taǧallā ẓāhirāan fī mirʾāti s-Sātir
15. wal-mirʾātu zuyyinat bi-alwāni ḥusnihi * fa-aḍḥat muzrīyātan bi-l-iṣbāḥi n-nāʾir
16. wal-iṣbāḥu lamʿāhwa al-layālī ẖalquhu * wa tafsīrī wāḍiḥun liḏawy al-baṣāʾīr
17. fahwa al-kullu fī al-warā fī klulli kāʾinātin * bi-l-kawnayni taǧallā fī kulli l-maẓāhir
18. fahātihi ẖamrātun qad badat bayna l-malā * askarat kulla l-warā min ṭībi l-ʿanāṣiri
19. wa sāqī kūʾūsihā ustāḏī quṭbu al-ʿulā * al-ʿAlāwi ġawṯunā ṣāḥibu l-mafāẖiri
20. faʾarḍihi yā Rabbanā kay yakūna al-Madanī * fī ḥimāhu fī l-dunyā wa fī al-yawmi l-ʾāẖiri
21. bi-rūḥi al-wuǧūdi man taǧallā minhu al-bahā * ʿalayhi ṣalātu Allahi maʿa salāmin ʿāṭiri

Lorsque paraît le Vin très ancien

Lorsque paraît le Vin très ancien

الشيخ سيدي محمد المدني

الشيخ سيدي محمد المدني

Introduction:

Ce poème précieux révèle de la place qu’occupe Cheikh Mohammad al-Madani dans le domaine des connaissances. Ce poème symbolique emploie les principales paraboles de la littérature soufie pour exprimer l’amour vers Allah. Traduction et notes de sidi Abd al-Malik, Muqaddam (France). Bonne lecture.

Traduction:

1. Lorsque paraît le Vin très ancien, et que, de boissons enivrantes, la coupe déborde
2. Toute formulation, impuissante, s’évanouit . Elle n’est que mirage !.
3. Alors que s’est déchiré le voile, apparaît le flux majestueux .
4. Ô murid ! Cette Existence n’est que l’extériorisation du Vin de l’Essence.
5. Les secrets du Tawhīd apparaissent. Ils en sont l’auteur et les traces.
6. L’Unicité met à jour l’irréalité de l’humain .
7. Le monde créé a-t- il une existence propre lorsque se révèlent les Lumières?
8. Toutes lignes et limites sont effacées, dans l’Essence de l’Unique, du Réducteur.
9. Toute chose autre que Sa Face est « perdue » , simple image dont les traces sont effacées .
10. Et si tu veux connaître le sens des apparitions (hors du Principe), ainsi que le dévoilement de l’origine des causes.
11. Lis ce que contiennent les lignes , et brûle les épaisseurs des voiles.
12. Tu verras par l’œil la lumière de la lumière :Il est les conjonctures, Il est les différents « temps » qui passent .
13. Il est les lunes, les soleils, Il est les étoiles qui brillent.
14. Il est les fruits, les semis, Il est les hautes montagnes dressées.
15. « S’épiphanise » la Présence du Très Pur, sur terre et dans les cieux.
16. Toute chose La manifeste, Elle n’a point de voile.
17. C’est Sa manifestation même qui la cache aux intelligences et aux cœurs.
18. Tous les univers ont disparus, le tout s’est absenté dans son Principe.
19. Il n’y a personne d’autre que Toi, et tout autre (que Toi) n’est que néant.
20. Regarde donc bien ta propre essence et comprends les sens des énigmes
21. Car l’Unique est ceci et aussi cela, c’est la vérité et non une simple métaphore.
22. Al-‘Alawî est la couronne de la jeune mariée, notre maître, pôle du temps.
23. La Clef de l’accès à la Présence du Très-Pur, trésor des significations et des connaissances.
24. Le mentionner vivifie les âmes, et guérit tous les corps.
25. Al-Madanī adresse au Prophète Elu, le salut .
26. A la famille, les nobles compagnons, récipiendaires des pactes et de la fidélité.
27. Et par ceci se termine cette composition poétique, Allah est Celui sur qui je compte et cela suffit.

Commentaires :

1. Le verbe arabe utilisé est talāchā : disparaître complètement.
2. Littéralement : Seul le mirage peut la représenter
3. La vision de l’Infinité d’Allah comme un débordement inépuisable de possibilités.
4. Littéralement : cette Existence est apparue du Vin de l’Essence. L’Existence est (physiquement et intelligiblement) le mode visible de l’Essence se donnant en « objet » de connaissance pour un « autre qu’Elle » selon le hadith qdussi « j’étais un trésor caché, j’ai aimé à être connu et j’ai créé le monde ».Cet« autre qu’Elle » a une existence propre (car pouvant être perçue séparément) mais est illusoire puisque c’est l’Essence seule qui en assure intégralement l’être. On peut illustrer de manière très simplifiée cette réalité, en utilisant le symbole de l’ombre, qui, différente par ses attributs de l’objet la projetant, existe, c’est-à-dire dispose d’une « réalité » relative, mais n’a pas d’être autre que celui de l’objet (si l’objet n’est pas, elle n’est pas !).
﴾أَلَمْ تَرَ إِلَىٰ رَبِّكَ كَيْفَ مَدَّ الظِّلَّ وَلَوْ شَاءَ لَجَعَلَهُ سَاكِنًا ثُمَّ جَعَلْنَا الشَّمْسَ عَلَيْهِ دَلِيلًا ثُمَّ قَبَضْناهٌ الينا قَبْضاً يَسِيراً﴿
N’as-tu pas vu comment ton Seigneur étend l’ombre? S’Il avait voulu, certes, Il l’aurait faite immobile. Puis Nous lui fîmes du soleil son indice. Puis nous la saisissons [pour la ramener] vers Nous avec facilité,-Sourate Al-Furqan, Aya 45 46.
6-7-8-9. On peut utiliser le phénomène de la « persistance rétinienne » pour essayer de saisir les différents niveaux de réalité et leur relation au Tawhid qu’évoque le shaykh. Lorsqu’un mobile lumineux tourne à grande vitesse, l’œil voit un cercle. Toutefois ce cercle n’a pas de réalité propre. Il « existe » dans celle que lui prête l’observateur limité par son organe de perception. Seul le mobile (point lumineux) « est ». C’est la perception qui donne l’existence au cercle, de même que c’est la conscience individuelle qui voit le monde.
8. Dans l’Océan des possibles, Lui seul étant l’Etre nécessaire c’est-à-dire impossible à ne pas être..
7. Lumières de la gnose : La connaissance qui permet de s’affranchir du mirage du créé.
11. Du texte sacré.
12a. Il s’agit bien de « l’œil du cœur ».
12b. Le Principe Suprême à la fois du Manifesté et du non-Manifesté.
12c. duhur= pluriel de dahr = temporalités, temps Cela fait référence aux différents modes de la durée. ﴾تَعْرُجُ الْمَلَائِكَةُ وَالرُّوحُ إِلَيْهِ فِي يَوْمٍ كَانَ مِقْدَارُهُ خَمْسِينَ أَلْفَ سنةٍ﴿ (Les Anges ainsi que l’Esprit montent vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans. (Sourate Al-Ma’arij, Aya 4).
16. (qui la cacherait). et si on ne la voit pas c’est qu’Elle est Elle-même son propre voile.
20. Invite à se connaitre soi-même selon le hadîth : « Qui se connaît lui-même, connait son Seigneur ». qui peut se comprendre comme « celui qui connait son âme individuelle (nafsahuنفسه ) peut connaitre son Seigneur en réalisant qu’Il est ce qu’elle n’est pas, qu’Il est et qu’elle n’est pas» ou « Celui qui connait son Soi, c’est-à-dire sa réalité la plus intérieure(nafsahuنفسه = lui-même), voit de l’œil de la Certitude qu’il n’y a pas autre chose que son Seigneur ». Deux réalisations concomitantes correspondant au Fana (effacement) et Baqā (Permanence). Et Allah est plus savant !
25. D’une manière générale, saluer quelqu’un, ou lui adresser son salut c’est manifester que l’on veut le voir sauvé en étant admis dans la « Grande Paix » divine. En lui montrant ainsi notre disposition à l’égard de son devenir vis-à-vis d’Allah, on l’assure d’un désir de relations pacifiées, sans volonté malveillante ou dominatrice. Cette « intention » pure, permet à celui qui « salue » de recevoir lui-même la Paix de Son Seigneur et c’est éminemment le cas lorsque le salut s’adresse au Bien Aimé Prophète. D’où l’importance du salut en Islam et du respect de toutes les règles traditionnelles qui le régissent.

Phonétique:

Lammā badā al-ẖamru al-qadīm

1. Lammā badā l-ẖamru l-qadīm wa fāḍa l-kaʾsu bi aš-šarāb
2. Talāša al-ḥādiṯu l-ʿadīm fakāna yušbihu l-šarāb
3. Wa ẓahara l-fayḍu l-ʿaẓīm lammā tamazzaqa l-ḥiǧāb
4. Haḏā l-wuǧūdu yā murīd min ẖamrāti l-ḏāti ẓahar
5. Taǧallat asrāru l-tawḥīd fa-hya l-mūʾaṯṯir wa l-aṯar
6.Wa l-wiḥdānīyyatu tufīd fanāʾa sāʾir al-bašar
7. Fahal lil-kawni min wuǧūd iḏā taǧallati l-anwār
8. Tumḥa l-rusūm wa l-ḥudūd fī ḏāti l-wāḥidi l-Qahhār
9. Fa-ġayru waǧhihi mafqūd ẖayālun mamḥuwwa l-aṯār
10. Wa in turid maʿnā l-ẓuhūr wa kašfa bāṭini l-umūr
11. Fāẖraq kaṯāʾifa l-sutūr wa- iqraʾ mā taḥmilu al-suṭūr
12. Tarā bi l-ʿayni nūra al-nūr huwa al-ẓurūfu wa al-duhūr
13. Wa huwa l-aqmāru wa al-šumūs wa huwa nl-nuǧūmu anl-nāʾirāt
14. Wa huwa l-ṯimāru wa l-ġurūs wahwa al-ǧibālu al-rāsīyāt
15. Taǧallat ḥaḍrātu al-qudūs fī al-ʾarḍi wa fī al-samawāt
16. Bikuli sayʾin ẓaharat famā ʿalayhā min ḥiǧāb
17. Wa bi al-ẓuhūri baṭanat ʿan al-ʿuqūli wa al-ʾalbāb
18. Ǧamʿu al-ʿawālimi fanat wa al-kullu fī maʿnāhā gāb
19. Mā ṯamma aḥadun siwāk wa al-gayru fī al-ʿadam muḥāz
20. ʾunẓur li ḏātik wa maʿnaāk wāfham maʿanī al-ʾalġāz
21. Al-wāḥidu haḏā wa ḏāk ḥaqīqatun bilā maǧāz
22. Wa al-ʿalāwī tāǧu al-ʿarūs ustāḏunā gawṯu al-zamān
23. Miftāḥu ḥaḍrāti al-quddūs kanzu al-maʿanī wa al-ʿirfān
24. Biḏikrihi taḥya al-nufūs wa taṣluḥu kullu al-ʾabdān
25. Wa al-madanī yuhdī al-salām ilā al-nabīʾ al-muṣṭafā
26. Wa al-ʾali wa al-ṣaḥbi al-kirām ḏawī al-ʿuhūdi wa al-wafā
27. Haḏā wa qad tamma al-niẓām wa allah ḥasbī wa kafā