« Yā Latīf ! », (Ô Toi, le Doux !), est également une courte invocation, très puissante, d’un Nom divin qui synthétise les attributs de beauté, de douceur et de bienveillance de l’Essence divine.
Une notion de subtilité est incluse dans ce Nom qui agit comme un allègement par rapport aux épreuves et peut aussi agir en modifiant certains aspects de la pré-destiné toutefois dans le cadre de la sagesse et de l’omniscience divine.
Avec cette invocation, on espère un destin propice et doux de même que de bénéficier de la bienveillance subtile de Dieu, subhānahu wa ta‘ālā
« J’ai rapporté, à ce sujet, une tradition musalsal [récit rapporté avec les gestes l’accompagnant] que m’avait transmis notre Maître, l’Imām Abū ‘Abd Allah, Muhammad Ibn Abī Bakr, Ibn ‘Abd Allah, de ses propres paroles. Je vis à la main une sibḥa (chapelet).
– Il dit : Je suis l’Imām Abū Al-‘Abbās Ahmad Ibn Abī al-Mahāsin, [atteste que] Yūsuf Ibn al-Banyāsī, mon maître, par étude auprès de lui, portait à la main une sibḥa.
– Lequel dit : Je suis Abū al-Muzaffar Yūsuf Ibn Muhammad Ibn Masu‘ūd al-Tirmidhī et je vis à la main une sibḥa.
– Il dit: J’ai étudié auprès notre Maître Abū Al-Thanā’ et je vis à la main une sibḥa.
– Il dit : Je suis Abū Muhammad Yūsuf Ibn Abī al-Farah, ‘Abd Ar-Rahmān Ibn Ali et je vis à la main une sibḥa.
– Il dit: Je suis Abī et je vis à la main une sibḥa.
– Il dit : J’ai étudié auprès d’Abū al-Fadhl Ibn Nāṣir et je vis à la main une sibḥa,
– Il dit : j’ai étudié auprès d’Abū Muhammad ‘Abd Allah Ibn Ahmad As-Samarqandī et je vis à la main une sibḥa.
– Je lui demandai: J’entendis Abū Bakr Muhammad Ibn Ali as-Sulamī, al-Haddād et je vis à la main une sibḥa.
– Oui, répondit-il ; Je vis Abū Naṣr, ‘Abd al-Wahhāb Ibn ‘Abd Allah Ibn ‘Umar al-Maqrī et je vis à la main une sibḥa.
– Il dit : Je vis Abū l-Hasan ‘Ali Ibn al-Ḥasan, Ibn Abī al-Qāsim Naṣr al-Mutarrafiqī as-Sufī, une sibḥa à la main.
– J’entendis Abū al-Ḥasan al-Malikī enseigner alors qu’il portait une sibḥa à la main. – Je lui dis : Cher Maître ! Portez-vous encore une sibḥa? Il me dit : c’est ainsi que je vis mon Maître al-Junayd, à la main une sibḥa.
– Je lui dis : Cher Maître ! Jusqu’à maintenant, vous portez encore une sibḥa?
– Il dit : c’est ainsi que je voyais mon maître As-Sariyy Ibn Mughlis As-Saqatī portant une sibḥa à la main. Je lui dis : Cher maître! Vous portez encore une sibḥa?
– Il dit ainsi : Je vis mon maître Ma‘ruf al-Karkhī et une sibḥa à la main? Je lui ai posé la même question que tu m’as posée.
– Il répondit : C’est ainsi que je vis mon Maître ‘Umar al-Makkī et à la main une sibha ; je lui ai posé la question que tu m’as posée
– Il répondit : ainsi j’ai mon maître al-Hasan al-Basrī, une sibḥa à la main.
– Je lui dis: Cher Maître ! Malgré l’élévation de votre rang et la sincérité de votre dévotion, vous portez encore une sibḥa !?
– Il me dit : c’est un outil que nous avons utilisé à nos débuts, ne nous pouvons donc pas le délaisser à nos fins. Je souhaiterais invoquer Allah par mon cœur, ma main et ma langue.
– Imam as-Suyutī conclut : « Si l’emploi de la sibḥa ne comporte que la conformité (de notre conduite) à celle de ces maîtres, et l’inscription dans leur tradition pour en prendre la bénédiction. A cet égard, ceci devient parmi les plus choses les plus importantes».
Epître le don de la Sibḥa.
Cité par sidi al-Madani, livre : Burhān adhākirin, chapitre sur le chapelet.
Oui, l’invocateur doit purifier son intention et en enlever les taches d’ostentation. L’Ikhlās (pureté des intentions) est l’esprit des actions, comme l’avait dit Ibn ‘Atā’ Allah, qu’Allah agrée, dans ses « Maximes ». Le Seigneur des univers nous l’a recommandé en disant : « Invoquer Dieu donc, en Lui vouant un culte exclusif, » (Ghāfir : 14). Aussi, le soufi doit être sincère dans cette dévotion exclusive au point de ne plus attribuer cette sincérité à soi-même. Autrement, il encourt un immense péril, comme ceci a été dit dans le hadith : « Les Savants risquent le péril à l’exception des pratiquants ; ces derniers risquent aussi le péril, sauf les sincères. Ceux-là encourent un grand risque ».
Un des frères m’a demandé : Si le croyant pratiquant est sincère, d’où lui vient-il alors le danger ? Je lui ai répondu : s’il observe sa sincérité, au sens qu’il estime que cette sincérité provient de lui. Le salut est dans la soumission, qui n’est autre que le fait d’attribuer les actes à Allah, et de ne pas attribuer le moindre effet à soi-même ; que ce soit des actes, des paroles ou des volontés, comme c’est la voie des gens de la Sunna, qu’Allah en soit satisfait ».
Cheikh Mohamed al-Madani, Burhān ad-Dākirin, p. 73-74.
Cheikh Sidi Mohammed Al-Mounawwar al-Madani, qu’Allah le préserve, dit dans une moudhakara (rappel) :
« Les meilleures invocations par lesquelles on pourrait invoquer Allah, en secret et publiquement, sont celles prononcées par le Prophète, sallâ Allahu ‘alayhi wa sallam. Ces invocations seraient, grâce à Allah, exaucées. En plus, ces invocations sont des expressions formulées par le Prophète lui-même. Dans ses expressions, il y a une baraka.
Ces invocations sont en outre une Révélation divine, qu’Allah avait inspirées à son bienaimé, sur lui bénédictions et salut.
Allah nous a ordonné de L’invoquer secrètement et avec insistance. De même, que le Prophète nous a ordonné de L’invoquer, à tout moment de la journée. Il dit : « L’invocation est l’essence de l’adoration ».
Les disciples sont donc tenus d’invoquer Allah avec abondance.
[ar]سيدي علي الحاج حسن (الشبيلي)[fr] Sidi ‘Ali Chbili, (Ville deChrahil, Tunisie)
Un beau jour, sidi ‘Ali Chbili, (Ville deChrahil, Tunisie),que Dieu ait son âme, posa cette question à son Maître Sidi Mohammad Al-Madani:
– Invoquez-vous (encore) le Nom suprêmeSīdī?
– L’invocation des Connaisseurs réalisés est la contemplation (muchāhada) ; alors que les débutants doivent L’appeler ; puisqu’ils sont encore loin.
L’on retient de ce texteque Sidi Al-Madani a atteint le stade des « Connaisseur » dont l’invocation est la contemplation et la méditation d’Allah. Pourtant, il n’a jamais négligé les invocations et les awrād quotidiens, qui illustrent la vraie Proximité (qurb).
N. al-Madani
13 août 2020