Sidi Abū Madyan al-Ghaouth
Ecrit par le grand soufi, sidi Abū Madyan Shu‘ayb ibn al-Hussein al-Ansari (mort en 594 h. /1179 J-C), ce poème rappelle les règles de bonne conduite. L’auteur y emploie des constructions syntaxiques et des figures de style particulières pour aider les disciples non seulement à mémoriser aisément ces vers, mais aussi à suivre le modèle moral qui y est dépeint. A toute époque, le tassaouf se présente comme un espace où l’on apprend les règles de bonnes mœurs, comme un lieu d’éducation visant à purifier les âmes par les préceptes de l’Islam. Les conseils prodigués dans ce joli poème sont tous tirés des textes traditionnels de l’islam : Le Coran et le hadith.
1. La vie n’est douce qu’en compagnie des Fukarā’.
Ce sont eux les Sultans, les Seigneurs et les Princes.
2. Accompagne-les ; observes la politesse dans leurs séances.
Quoi qu’ils t’honorent, fuis les honneurs.
3. Saisis le temps pour assister, en permanence, avec eux.
Les largesses ne sont accordées qu’aux assidus.
4. Garde le silence, à moins que l’on te sollicite, alors réponds :
« Je ne détiens nul savoir » ; de l’ignorance embellis-toi.
5. Ne vois de défauts qu’en toi-même et considère
qu’ils sont évidents, bien qu’ils soient occultés.
6. Baisse la tête ; repentis-toi sans avoir péché.
Par tes excuses, mets-toi sur le pied de l’équité.
7. Si, de ta part, surgit un tort, reconnais-le.
Présente tes excuses de ce qui émane de toi envers toi.
8. Dis : « votre serviteur mérite votre pardon.
Oh Fukarā ! Pardonnez-le et traitez-le avec douceur ».
9. Ils sont dignes de magnanimité. En eux, c’est une nature
N’en craints ni déchéance ni tort.
10. Excuse en permanence tes frères expressément et par ton cœur
Et s’ils faillent, pardonne-les.
11. Observe les états du Maître
Que l’on voit, sur toi, les traces de son agrément.
12. Fais preuve d’entrain, lèves-toi pour son service.
Qu’il soit satisfait. Ne t’en lasse point.
13. Satisfaire le Maître c’est satisfaire Dieu et Lui obéir.
Il te comblera de satisfaction. Garde-toi de l’abandonner.
14. Sache que de la voie ne restent que des vestiges.
Quelle idée fait-on de ceux qui prétendent y adhérer ?
15. Quand les verrai-je ? Comment les rencontrerai-je ?
Quand mon oreille en recueillera-t-elle des nouvelles ?
16. Qui me secourra ? Comment puis-je rivaliser avec eux
Et m’abreuver des sources que nulle turbidité n’entache?
17. Je les aime, les chérie et me sacrifierai pour eux
En particulier un petit groupe parmi eux.
18. Ce sont des gens aux caractères vertueux,
Où qu’ils se réunissent, perdure leur parfum.
19. Grâce à leur douceur, le soufisme offre de rares subtilités.
Leur affinité fraternelle régale mon regard.
20. Ils sont mes bien-aimés ; ils ont toute mon affection
Eux qui déambulent dans les manteaux de joie.
21. Que nos liens d’amour en Allah se resserrent.
Que nos pêchés soient pardonnés et pardonnables.
22. Que la prière soit sur le Prophète, notre bien-aimé Mohammed,
Le meilleur parmi ceux qui s’acquittent des devoirs et à Dieu se consacrent