Abū Yazīd al-Bistāmī

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Abū Yazīd al-Bistāmī
(Mort en 161h/ 874 J-C)

Méditant sur le mont de ‘Arafāt, abū Yazīd al-Bistāmī (mort en 161h/ 874 J-C) se dit :
– Oh ! abū Yazīd, qui aurait ta valeur ?, N’as-tu pas accompli quarante-cinq pèlerinages [à la Mecque] ! N’as-tu pas récité le Coran en entier dix-milles fois ?
Sitôt, il s’écria :
– Qui achète quarante-cinq pèlerinages contre une galette [de pain] ?
Un homme répondit :
– Moi.
Il prit la galette et la jeta à un chien, qui la dévora.
Al-Bistāmī se rendit à Byzance, où un prêtre lui tint la main, l’accompagna à sa demeure et lui donna une chambre. Il y séjournait et rendait culte à Allāh, soit-Il exalté. Un mois durant, le prêtre lui apportait la nourriture, matin et soir.
Un jour, abū Yazīd se dit :

– Oh mon âme, je voulus te briser ; n’es- tu pas plus vaniteuse ?

Alors qu’il se parlait, le prêtre entra et lui dit :

– Quel est ton prénom ?

– Abū Yazīd.

– Si seulement tu étais le serviteur de Jésus !

Ne pouvant admettre ce vœu, Abū Yazīd voulut partir. Le prêtre lui dit :

– Séjourne avec nous jusqu’au quarantième jour. Nous avons une grande fête. J’aimerais autant que tu y assistes. Chaque année, un prédicateur vient nous faire une homélie.

Al-Bistāmī accepta l’invitation.

Au quarantième jour, le prêtre vint le voir et lui dit :

– Allons-y! Notre fête est aujourd’hui.

Il se leva. Le prêtre ajouta :

– Mais comment assisterais-tu à une audience de mille prêtres en cette tenue vestimentaire. Dévêtis-toi, portes ce burnous, mets cette ceinture et accroche l’Evangile sur ta poitrine.

Al-Bistāmī peina à admettre les paroles du prêtre. Il entendit sitôt une voix dans son for intérieur :

– « Oh abū Yazīd, fais ce qu’on te demande ! Cela aboutira à Notre but et à Notre volonté !».

Il ôta alors ses habits et mit le burnous, la ceinture autour de sa taille et l’Evangile sur la poitrine. Ensemble, ils se dirigèrent au couvent et se mirent avec les autres prêtres. Ces derniers ne le reconnurent pas. Ils virent ensuite l’Evêque suprême arriver, silencieux. Ils lui dirent :


– Pourquoi ne prêchez-vous pas comme d’habitude ?

– Comment prêcherais-je alors qu’un musulman se trouve parmi vous?

– Montrez-le nous ; que nous le découpions avec nos sabres.

– Par Dieu, je ne vous le monterai pas avant que vous ne juriez de ne pas le toucher ou même l’agacer.

Ils jurèrent. L’Evêque dit alors :

– Par Dieu, je te conjure, oh musulman, de te présenter.

Abū Yazīd sursauta. L’Evêque dit :

– Regardez-le.

– Vous avez raison notre Seigneur.

– Quel est ton prénom ?

– Abū Yazīd.

– Connais-tu une part de la science ?

– Je ne sais que ce qu’Allāh, Exalté soit-Il, m’a prodigué.

– Quel est l’unique qui n’a de paire ? Quels sont les deux qui n’ont de troisième ? Les trois qui n’ont de quatrième ? Les quatre qui n’ont de cinquième ? Les cinq qui n’ont de sixième ? Les six qui n’ont de septième ? Les sept qui n’ont de huitième ? Les huit qui n’ont de neuvième ? Les dix qui n’ont de onzième ? Les onze qui n’ont de douzième ? Et les douze qui n’ont de treizième ?
Abū Yazīd répondit :

– Grâce à Allāh, voici ma réponse :

L’Unique qui n’a de paire est Allāh, sans nul associé.
Les deux qui n’ont de troisième sont le jour et la nuit.
Les trois qui n’ont de quatrième sont [les formules] du divorce irrévocable.

Les quatre qui n’ont de cinquième sont [les Livres sacrés], la Torah, l’Evangile, les Psaumes et le Coran. Les cinq qui n’ont de sixième sont les cinq prières [musulmanes].

Les six qui n’ont de septième sont les six jours au cours desquels Allāh créa les cieux et la Terre.

Les sept qui n’ont de huitième sont les jours [de la semaine].

Les huit sont les porteurs du Trône, au Jour du Jugement dernier.

Les neuf sont les mois de grossesse. Les dix sont les honorables anges. Les onze sont les frères de Joseph. Les douze sont les mois de l’année.

L’Evêque dit :

– C’est juste. [La question suivante] qui fut créé à partir de l’air, fut conservé par l’air et fut anéanti par l’air ?

– Jésus fut créé de l’air. Salomon fut conservé dans l’air. Le peuple de ‘Ad fut anéanti par l’air.

– C’est juste. Qui fut créé du bois, conservé par le bois et anéanti par le bois ?

– Le bâton de Moïse fut créé du bois. Noé fut conservé dans le bois. Zakaria fut anéanti par le bois.

– C’est juste. Qui fut créé du feu ; conservé par le feu et anéanti par le feu ?

– Saton fut créé du feu. Abraham fut conservé dans le feu. Abū Ğahl fut anéanti par le feu.

– C’est juste. Qui fut créé de la pierre, préservé par la pierre et anéanti par la pierre ?


– La chamelle de Sālih fut créée de la pierre. Les gens de la Caverne furent préservés dans la pierre. Les gens de l’Eléphant furent anéantis par la pierre.

– C’est juste. Que signifie le dire des Savants : « dans le paradis, il y a quatre fleuves : [contenant] du miel, du lait fermenté, de l’eau et du vin. Ils coulent par un même courant sans qu’ils se mélangent. Cette image a-t-elle d’exemple dans ce bas-monde ?

– L’être humain a dans sa tête quatre fleuves : l’eau de ses oreilles est amère, celle des yeux [les larmes] est douce, celle du nez est salée. L’eau de la langue [la salive] est exquise.
(…./….)

– C’est juste. Parle-nous de l’arbre, appelé Tūbā, dont nul palais ni pièce, dans le paradis, qui n’en contienne un rameau. Cet arbre a-t-il de pendant dans ce bas-monde ?

– Oui, le soleil rayonnant.

– C’est juste. Quel est l’arbre ayant douze rameaux, dont chacun a trente feuilles, dont chaque feuille a cinq fleures, dont deux sont sous le soleil et trois à l’ombre ?

– Cet arbre est l’année, composée de douze mois. Ces derniers se composent de trente jours. Les fleures sont les cinq prières. La prière de midi et celle de ‘asr s’accomplissent pendant le jour alors que celle du coucher, du ‘achā’ et l’aube se font la nuit.

– C’est juste. Qui s’est rendu au Temple sacré et a fait le tour de la Ka‘ba sans être animé et sans que le pèlerinage lui soit proscrit ?

– L’arche de Noé.

– C’est vrai. Où se trouve la nuit lorsqu’apparait le petit matin et où se trouve le jour lorsque la nuit tombe ?

– Cela relève de la science cachée d’Allāh. N’en sait la réponse ni un Messager envoyé ni un ange rapproché.

– C’est juste.

Al-Bistāmī dit :

– Vous m’avez posé plusieurs questions auxquelles j’ai répondu. Quant à moi, je ne poserai qu’une seule question.

– Demande ce que tu veux.

– Quelle est la clef du Paradis, et qu’est-il marqué sur ses portes ?

L’Evêque se tut. Les prêtres dirent :

– Notre Père, êtes-vous vaincu ?

– Non.

– Pourquoi ne vous lui répondez pas alors ?

– Si je réponds, je craints fort que vous me tuiez.

– Par l’Evangile, si vous répondez, nous ne vous tuerons pas.

– Sachez que la clef du Paradis est de dire : «Il n’y de dieu qu’Allāh ; Muhammad est son Messager ».

– Nous attestons aussi qu’il n’y a de dieu qu’Allāh et que Muhammad est son Messager.

– Je loue Dieu parce que vous vous êtes convertis. Je suis musulman depuis soixante ans. Mais, je dissimulais ma foi de peur jusqu’à ce qu’Allāh m’ait envoyé cet homme.

Ils transformèrent le couvent en mosquée. Al-Bistāmī séjourna chez eux pour leur apprendre la religion. Il les quitta ensuite et regagna son pays.

Source :
Série 24033 manuscrits de Bagdad.
Manuscrit de la bibliothèque nationale Paris, numéro :1913.

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