Un discours prononcé par le Cheikh Ahmad al-‘Alāwī en 1910 à l’attention des fouqras de Tunis lors de sa première visite. C’est le Cheikh al-Madani qui la rapporte en disant :
1. En parlant des fouqrā-s sincères, notre Maître sidi Cheikh Muhammad al-Madani, qu’Allah l’agrée, a dit : « Lorsque notre Maître à nous tous, sidi Cheikh Ahmad al-Alāwī rendit visite à la ville de Tunis (en 1910), le groupe de fouqrā-s lui proposa de désigner un des leurs, comme Chaouch (serviteur qui gère la zawia) et cita son nom. Le cheikh al-‘Alawi dit : « ce serait fait sans le moindre souci ». Ensuite, il se dirigea vers la personne désignée et lui dit :
2. O fils ! Si tu acceptes ce que les frères désiraient de toi, puisqu’ils t’ont proposé pour remplir cette fonction, j’approuverai leur choix. Cependant, sache mon fils ! que le terme « Chāouch » est composé des deux parties : la première « Chā » ; est utilisée, par les habitants de la ville de Tlemsan (Algérie), pour éloigner les bêtes. La seconde est « Ouch », employée pour éloigner les poules. En se rappelant de cette origine (étymologique), tu devrais te comporter, parmi les frères, comme un serviteur obéissant. Tu pardonneras leurs défauts et expieras leurs fautes. Sinon cette mission doit être remplie par des gens dignes.
3. Car, vaincre son ego, en étant parmi les frères, est une obligation. C’est une condition nécessaire dans la Voie, à commencer par le Chaouch, le Muqaddam jusqu’au Cheikh. Il incombe à tous, selon la Loi de Tasawwuf, de s’adapter aux états des disciples : tantôt en se rabaissant, tantôt en s’élevant.
4. Gare au Muqaddam, par d’exemple, de croire, simplement parce qu’il a été investi de cette mission (taqdīm), qu’il mérite d’être privilégié, plus que ses frères, par la nourriture, les boissons, les chants et les discours. Non et non ! Celui-ci n’est aucunement digne de cette mission. Peut-être que cette attitude l’empêcherait de s’élever. L’on doit méditer dans son âme et son orgueil. Son histoire est connue.
Noté par sidi Al-Haj Hasan al-Hintāti lors d’une visite à Souassi en 1952.