بسم الله والحمد لله، لا إله إلا الله محمد رسول الله
اللهم صل وسلم على سيدنا محمد وآله وأصحابه ولا حول ولا قوة إلا بك يا رب، يا حق يا مبين.
Présentation
Nous présentons dans cette courte étude un poème extrait du recueil du Shaykh Muhammad Al-Madanî.
L’étude des poèmes des maîtres soufis permet, au-delà du caractère spécial de textes manifestement écrits dans en état« d’ivresse spirituelle », de relever les points de Doctrine qui y sont naturellement enchâssés en tant qu’expression de la Vérité.
Ce sont eux qui donnent à l’aspirant la « nourriture » nécessaire à la poursuite de sa quête en lui fournissant à la fois l’impulsion (volonté de continuer), l’énergie (force pour continuer) et l’orientation (connaissance du chemin à emprunter).
Il faut noter que dans la plupart des formes actuelles de Turûq, la diffusion de la doctrine s’effectue par le biais de ces poèmes chantés lors de séances collectives, ou, dans la cadre d’un travail initiatique personnel, étudiés et mémorisés individuellement par ceux des aspirants qui le désirent.
Le développement du contenu serait foisonnant pour qui voudrait se donner la peine de s’y adonner. On trouve effectivement à chaque vers pour ne pas dire sous chaque mot, une allusion faisant référence à un verset du texte Sacré, un hadîth, un point de doctrine de la science du Qawm (gens de l’élite), un symbole du patrimoine universel de la Tradition et même quelquefois des thèmes issus de la culture arabo-musulmane ou associés à la poésie antéislamique. Disons-le sans détour, nous avons donc à faire à des textes d’une densité exceptionnelle.
Mais, le principe d’efficience initiatique de cet enseignement ne passe pas nécessairement par une étude analytique et quelquefois même conseille de l’éviter. En cohérence avec la « forme » providentielle revêtue par les rites de la Voie, cette sagesse va se fixer directement sous forme synthétique dans le centre le plus intime de l’aspirant, non à son insu, mais en court-circuitant certaines facultés individuelles susceptibles d’interférer dans l’apprentissage. Rappelons que les facultés facilitant l’instruction « profane » ne sont nullement des conditions préalables à la Voie et peuvent même nuire.
C’est pourquoi nous ne donnerons que quelques indications dans le seul but de révéler le caractère vivant et accessible de la Doctrine telle qu’elle est fixée dans ces poèmes.
Le thème principal qui colore le texte est directement abordé dans le premier vers. Il concerne les voiles qui empêchent la contemplation de Dieu. En fin connaisseur des secrets, le shaykh al-Madanî va aborder la nécessité d’un voile qui sera la condition pour lever d’autres voiles ! Il va également rappeler les conditions indispensables à cette contemplation dont il affirmera par ailleurs explicitement l’expérience.
تمزق ثوب الوهم فأضاء ناظري * و انطوى حجاب البعد فنار خاطري
La parure de l’illusion s’est déchirée et mon regard en a été illuminé ; Le voile de la « distance » s’est replié, ma conscience en a été embrasée.
Nous trouvons dans le premier vers les racines Parure Th W B et voile H J B : Dans les deux cas, il s’agit d’une chose qui en recouvre une autre. L’enlèvement ou la disparition de cet écran fait apparaître l’objet recouvert. Celui-ci peut gagner soit à être voilé ou soit à être dévoilé. Ainsi Allah « couvre » nos fautes et les masque dans Son Pardon, mais Lui-même, selon un Hadîth célèbre, est voilé par 70 000 voiles de lumières et de ténèbres. C’est à la levée de ces voiles que font allusion ces vers.
Il est à noter que le shaykh fait bien mention de deux niveaux de dévoilement.
L’un aboutissant à une « délivrance » au niveau spirituel dont le marqueur est la lumière, délivrance permettant la « vision » qui est un mode de connaissance direct et instantané.
L’autre au niveau animique, dont le marqueur est le feu, libérant l’activité psychique et mentale et permettant une connaissance en mode individuel construite à partir d’un flux de pensées apaisé et purifié. La racine arabe خطر signifie en son acception « brute » : aller et venir, agiter, secouer. D’où : passer par la tête, avoir une idée, ce qui traduit parfaitement l’activité mentale individuelle ordinaire plus ou moins chaotique.
On retrouve donc les deux niveaux de libération présents dans les deux expressions : « Délivrance » concernant« l’Esprit » informel qui s’identifie à Dieu [dans Q 15,29 : « ….lorsque j’aurais insufflé en lui (Adam) mon esprit… »], et « Salut » qui concerne l’âme individuelle délimitée par sa forme propre. Ceci est réellement l’indice le plus sûr d’une connaissance non altérée de la véritable nature du « composé » humain à la fois en tant que créature et Lieu-tenant de Dieu. On sait que la confusion du psychique et du spirituel, au niveau du sens et du langage, est à l’origine de la déviation du monde « moderne » et contient en germe toutes les erreurs qui y prospèrent aujourd’hui sans retenue. On sait aussi que l’enseignement initiatique est irrémédiablement inaccessible à ceux qui ne peuvent voir au-delà de leur ego et interprètent la « Réalisation » dans le sens d’une extension indéfini de celui-ci. L’injonction de « Mourir avant de mourir » n’est pas vaine, si dire : « mon salut » ! a un sens, dire ou «penser»: «ma délivrance» ! au sens défini plus haut, n’en a aucun. Néanmoins, au niveau de « l’esprit » la première personne reste possible (le Prophète ﷺ (sallā Allāhu ‘alyhi wa sallam) utilise par exemple dans certains hadîths rûhî (mon esprit روحي), shaykh al-Madanî utilise nazarî (ma vision) car il s’agit encore – au niveau où ils veulent se placer – d’une entité spirituelle qui, bien que non individuelle, reste distincte du Principe.
Mais dans la « délivrance », il s’agit bien au final de l’Esprit de Dieu (Rûh Allah روح الله ) en Dieu. Si le Moi Divin et le moi individuel ou informel coïncident au niveau de l’essence (quand, à tous les degrés de l’existence, on dit « je veux »en réalité concomitamment Dieu dit « JE veux »), les attributs diffèrent et, « le serviteur reste serviteur » lors que « Dieu est Dieu » الحق حق(et n’a jamais cessé de l’être).
ينثني غصني اذا شاهدت جماله * قد بدا لي ظاهرا في مراة الساتر
Ce vers explicite un enseignement cardinal sur la contemplation de Dieu en Son Essence et sur le symbolisme très riche et complexe du miroir dont nous ne donnerons qu’un aperçu très retreint.
Le premier point à mentionner est l’emploi du terme dhahiran ظاهراً
(extérieurement) que nous avons traduit improprement et faute de mieux par « parfaitement ».
La faculté imaginative (en arabe Khayyal, à ne pas confondre avec wahm : production interne d’images suscitées par les facultés individuelles inférieures afin de séduire les autres) est ordinairement destinée à donner forme auxreflets des réalités informelles dans le but de les rendre accessibles, autant que faire se peut, aux autres facultés de l’individu. Ces facultés, à leur tour, les présentent synthétiquement au « cœur » (« essence » ou « centre » de l’être individuel). L’emploi du terme dhahiranظاهراً suggère ici un processus « extérieur » aux sens internes, la vision du Bien Aimé s’effectuant par ce que l’on appelle « l’œil du cœur », sans intervention de la faculté imaginative de l’être à qui elle s’impose. Parfaitement donc, car ici la vision n’a pas été altérée par une « traduction », et, quand bien même elle eut lieu dans un miroir comme on va le voir plus bas, elle n’est pas médiate au niveau formel car le rayon provenant de ce miroir touche directement le centre de l’être (cœur) sans passer par la réflexion des sens internes. On sait en effet que c’est lors du transfert du khayyal au mental que peuvent se glisser les insinuations ou waswas de «l’adversaire», et que le mental lui-même, par ses limitations propres, peut peser sur la fiabilité du « message ».
La nature de cette vision fait écho aux versets :
مَا ضَلَّ صَاحِبُكُمْ وَمَا غَوَىٰ – 53:2 Votre compagnon ne s’est pas égaré et n’a pas été induit en erreur
وَمَا يَنطِقُ عَنِ الْهَوَىٰ – 53:3 et il ne prononce rien sous l’effet de la passion;
مَا كَذَبَ الْفُؤَادُ مَا رَأَىٰ – 53:11 Le cœur n’a pas menti en ce qu’il a vu.
Parfaitement aussi, car Il s’agit d’une une vision totale de « l’Invisible » الغيب (al Ghayb) , dans «l’extérieur» même du créé, et qui se superpose à la vision de celui-ci sans que l’une ne cache ou n’empêche l’autre. Shaykh al Alawi avait déjà écrit :
و الان قد بدا و الكون في حلاه
«Il (Dieu) est maintenant apparu alors même que la création revêt sa parure».
Ces affirmations concernent des êtres «réalisés dans la vie», alors que la grande majorité des «aspirants» sincères ne pourront jouir de ces dévoilements qu’après leur mort corporelle, moment impliquant la dissolution des facultés individuelles y faisant obstacles, ان شاء الله.
Le deuxième point que l’on peut relever, concerne le symbolisme du miroir permettant de voir «ce qui ne peut l’être directement». Cette impossibilité de vision directe tient soit du fait de l’impossibilité du contemplant de se contempler lui—même sans l’aide d’une réalité lui renvoyant son image, ou, de l’impossibilité du contemplant de supporter sans « filtre » l’image directe que lui renvoie le contemplé.
Le premier cas nous entrainerait trop loin et se rattache à un enseignement plus profond synthétisé dans les deux maximes du maître de Shaykh Al Madanî:
الحق لا تدركه الابصار و هو يدركها و كيف تدركه و هو اقرب اليها من نفسها و هل يمكن للعين ان ترى عينها ؟
Le Réel (Allah) ne peut être saisi par les regards, c’est Lui qui les « saisit ».
Comment pourraient-ils l’atteindre, alors qu’Il est plus près d’eux qu’ils ne le sont d’eux-mêmes !
Est-il possible à l’œil (l’essence) de voir son œil (essence) ?
العارفون صيفات عارف بربه و عارف بنفسه الا ان العارف بنفسه اشد معرفة من ال عارف بربه
«Les gens de connaissance sont soit« connaisseur de son Seigneur », soit « connaisseur de lui-même », mais celui qui se connaît lui-même est d’une connaissance plus profonde que celui qui connaît son Seigneur»
Le deuxième cas est illustré entre autres par le mythe grec de Persée qui ne put échapper à la pétrification et aller au bout de sa quête, qu’en regardant Méduse – représentant ici le masque « terrible » du Néant-Principe -dans le miroir de sonbouclier.
Mais c’est le passage coranique relatant le désir du prophète Moïse de pouvoir voir directement le Dieu qui lui parle et qu’il entend, qui sera le plus adapté pour l’illustration de notre propos.
وَلَمَّا جَاءَ مُوسَىٰ لِمِيقَاتِنَا وَكَلَّمَهُ رَبُّهُ قَالَ رَبِّ أَرِنِي أَنظُرْ إِلَيْكَ ۚ قَالَ لَن تَرَانِي وَلَٰكِنِ انظُرْ إِلَى الْجَبَلِ فَإِنِ اسْتَقَرَّ مَكَانَهُ فَسَوْفَ تَرَانِي ۚ فَلَمَّا تَجَلَّىٰ رَبُّهُ لِلْجَبَلِ جَعَلَهُ دَكًّا وَخَرَّ مُوسَىٰ صَعِقًا ۚ فَلَمَّا أَفَاقَ قَالَ سُبْحَانَكَ تُبْتُ إِلَيْكَ وَأَنَا أَوَّلُ الْمُؤْمِنِينَ – 7:143
Et lorsque Moïse vint à Notre rendez-vous et que son Seigneur lui eut parlé, il dit : «O mon Seigneur, montre Toi à moi pour que je Te voie ! » Il dit : « Tu ne Me verras pas ; mais regarde le Mont : s’il tient en sa place, alors tu Me verras. » Mais lorsque son Seigneur Se manifesta au Mont, Il le pulvérisa, et Moïse s’effondra foudroyé. Lorsqu’il se fut remis, il dit : « Gloire à Toi ! A Toi je me repens ; et je suis le premier des croyants.» Muhammad Hamidullah
Le mont, qui joue ici le rôle du miroir permettant de refléter ce qui est impossible à voir directement, a volé en éclat. Il n’a pas pu protéger Moïse et n’a pas pu lui permettre la contemplation de « l’in-contemplable ».
On comprend donc définitivement pourquoi Shaykh Al-Madanî mentionne le terme « al satir » (celui qui protège) comme le propriétaire ou la qualité principale du miroir dont il eut la grâce d’user.
La racine Sa Ta Ra ستر évoque aussi le voile, mais cette fois ci, il s’agit d’un voile « protecteur » puisque la racine véhicule aussi les notions de « protection, abri, dissimulation pour échapper à… » . Le Nom « as Sattar » est d’ailleurs utilisé encore spontanément par tout musulman jugeant une situation périlleuse et demandant l’aide d’Allah.
En effet, pour s’engager sûrement dans la quête de la contemplation, il faut disposer du bon miroir au risque de ne voir que son image individuelle… ou pire encore !
Ce miroir doit donc être bien orienté (lui-même face à la Vérité), parfaitement réfléchissant (sans distorsion et vierge de toutes impuretés), et posséder la vertu de protéger de l’éblouissement puisque l’image réfléchie sera aussi éclatante que la lumière incandescente du soleil qui en est le symbole dans notre monde « obscur », soleil qui peut s’avérer terrible, au zénith en plein désert !
Quel miroir ?
من رآني فقد رأى الحق
«Qui m’a vu, a vu Al Haqq (Dieu, la Réalité Ultime)»
Hadiths in bukharî 6058
Le Prophète ﷺ étant essentiellement « miséricorde pour les mondes », est la porte de cette vision. Il est le Médiateur par excellence, pas seulement en tant qu’intercesseur pour le « salut des âmes » et la continuité de l’illusion existentielle dans les degrés supérieurs de l’Existence (paradis), mais surtout en tant que moyen de délivrance de « l’Esprit » ou Soi. Celui-ci est « temporairement » et illusoirement prisonnier du WUJUD.
ما من ذرة في الوجود الا و عليها اسم من اسماء المعبود.
Le « miroir Mohammadien » réunissant toutes les conditions mentionnées, est le miroir parfait de la Réalité Ultime qui permet de la contempler intégralement. C’est pourquoi, ce sera seulement en lui que l’on pourra La « saisir » en étant préservé du vertige pharaonique divinisant la créature – et non l’Esprit dont elle est pétri, car la vision dans ce miroir est Paix.
مَا زَاغَ الْبَصَرُ وَمَا طَغَىٰ – 53:17 la vue n’a nullement dévié ni outrepassé la mesure
La « Voie » Madani, de noble ascendance traditionnelle, insiste sur l’amour à porter à l’Envoyé ﷺ, l’élan sincère à avoir dans la pratique de ses vertus, le désir impatient de s’abreuver à son enseignement.
Elle fait cela en la personne d’un Maître qui, en jouant à son niveau le rôle de Miroir parfait du Prophète ﷺ, de la même façon que celui-ci est le miroir parfait du Vrai (Haqq), n’incite qu’à cela.
Ainsi, les aspirants effectuent en toute sécurité leur « remontée active » au Principe, simultanément dans les Voies de l’action, de l’Amour et de la Connaissance. Louanges à Allah Très Haut pour cette Grâce ! Amin.
Ô faqir, ne passe pas une journée sans mentionner à ta conscience une qualité de l’Envoyé ﷺ que tu chercheras à développer, sans voir tes défauts comme l’inversion exécrable de son noble caractère, sans t’éclairer à la lumière de ses faits et gestes, sans attendrir ton âme à son souvenir, sans transmettre à autrui l’étincelle de ton amour pour ce qu’il est. C’est une condition de la foi !
« 15 » حدثنا يعقوب بن إبراهيم قال : حدثنا ابن علية عن عبد العزيز بن صهيب عن أنس عن النبي صلى الله عليه وسلم (ح) وحدثنا آدم قال : حدثنا شعبة عن قتادة عن أنس قال : قال النبي صلى الله عليه وسلم : ((لا يؤمن أحدكم حتى أكون أحب إليه من والده وولده والناس أجمعين)).
«Nul parmi vous ne pourra prétendre à la foi, sans que je ne sois pas à ses yeux plus cher que sa parenté et l’ensemble des gens»
Qu’Allah nous y aide ! Amin.
Le fidèle en purifiant son intérieur, devient également un « miroir » permettant à un autre fidèle de voir ses qualités et ce qui peut l’aider à s’élever (« le fidèle est le miroir du fidèle » Hadîth).
De même, par ce caractère « réflexif » il se trouve protégé, en renvoyant aux êtres démoniaques qui l’attaquent, l’image de leur Principe véritable, ces attaques retournent donc à leur état non manifesté. (Voir vers n°11 ci-dessus).
On trouve ainsi par exemple dans les oraisons de shaykh MuhyiDin Ibn Arabi l’invocation suivante :
و قابل مرآتي بتجل تام من جواهر أسماء جلالك و قهرك فلا يقع علي بصر جبار
من الإنس و الجن إلا انعكس عليه من شعاع ذالك الجوهرة ما يحرق نفسه الأمارة بالسوء
و ترده ذليلا و ينقلب عني بصره خاسئا كليلا.
«Et mire Toi dans mon miroir par une manifestation parfaite d’un des joyaux des Noms de Ta Splendeur et de Ta force réductrice, de sorte que pas un seul regard de quelque tyran d’entre les hommes ou les génies, ne tombe sur moi sans que, des rayons de ce joyau, une vertu ne le contre-attaque et brûle son « âme qui entraîne au mal » et ne le force de retourner confondu, et de détourner son regard émoussé et affaibli.» Oraisons du vendredi.
Cette protection est accordée également de manière plus indistincte et moins efficiente à tout musulman récitant avec conviction la sourate 113 dite de protection.
Cette conscience était « à l’ordre du jour » aux temps apostoliques après la révélation Christique !
Epître II Corinthiens ch3 v18. « Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit. »et si elle fut présente dans la chrétienté Catholique et « relativement » expérimentée jusqu’au XIV XV, c’est peu dire que la question n’est plus vraiment d’actualité.
و الله اعلم عليه توكلت و هو رب العرش العظيم، و السلام
Poème et notes de traduction.
1 La parure de l’illusion s’est déchirée et mon regard en a été illuminé ;
Le voile de la « distance » s’est replié, ma conscience en a été embrasée.
2 A la Lumière de notre Seigneur a fleuri le jardin de mon cœur ;
Et, tout ce qui de moi paraît, fait parade de Sa Beauté.
3- Le Bien Aimé a visité mon cœur ;
Sans exception, toutes les créatures s’épuisent à cette attente ! Ô quel Noble visiteur !
4- C’est sur le tapis de l’intimité qu’eut lieu notre rencontre ;
Alors, des ténèbres, l’ombre s’est transformé en éclat.
5- L’amour en a été le prix et j’ai dû au préalable lui céder mon être,
Existe-t-il autre chose que l’amour à offrir en dot à un si noble Bien Aimé ?
6- L’amoureux peut-il offrir autre chose que (son) être ;
Alors qu’il sera tout entier empoigné en la dextre puissante de l’objet de Son amour ?
7- Il cueille une fleur en Son jardin ;
Fleurs qui apparaissent à Sa Lumière éblouissante.
8- A mes yeux, un seul visage rayonne ;
Notre Bien Aimé prend entièrement possession de nos cœurs.
9- Ses demeures jouxtent celle de notre gloire ;
Nous en sommes les rois pour qui peut voir.
10 – Par pure jalousie, le réprobateur décoche sa flèche ;
Mais le flèche de tout perfide rival, m’évite sans mal.
11- Elle ne peut atteindre un cœur offert en offrande, par l’amour attendri ;
Bien plus, le cœur d’un amoureux qui (pour son amour) a été capable du total oubli .
13- Mon écoute se fait attentive sitôt que sont évoqués les détails de Sa perfection ;
De joie, je danse, tel l’oiseau sautillant.
14- Mon rameau ploie lors de la contemplation de Sa beauté ;
Et, c’est parfaitement qu’Il m’est apparu dans le miroir du protecteur.
15- Le miroir s’est trouvé orné des couleurs de Sa beauté ;
Et a révélé (eu égard à cette clarté) l’aspect misérable de l’aube pourtant flamboyante.
16 -Les matins sont une lueur, les nuits une tâche sombre ;
Ceci comme cela, tout est l’effet de Son « extériorisation ».
17- Les matins sont Sa Lumière, les nuits Sa création ;
Mon explication est claire pour qui est clairvoyant.
18- Il est le Tout dans la création, et de même dans tout étant ;
Il s’est révélé dans les deux mondes en chacun de leurs aspects.
19- Cette (connaissance est une) liqueur, au milieu du néant, apparue ;
Pouvant enivrer toute créature par la douceur de ses sucs.
20- L’échanson en est mon Maître, pôle des vertus ; Al-‘Alāwī notre refuge, Il est paré de mérites et de gloires
21- Ô notre Seigneur, agrée le, afin qu’al-Madani soit sous sa protection, dans ce bas-monde et le jour dernier.
22- (et je demande cela) par (la suprême dignité de) l’essence de l’existence, celui par qui s’est révélé Sa beauté ; Que soit sur lui la prière d’Allah ainsi qu’une salutation de paix parfumée.
Étude, notes et traduction sidi Abd al-Mālik, Muqaddam de la (France).
1. تَمَزَّقَ ثوبُ الوهمِ فأضاءَ ناظِري * وانْطَوى حِجابُ البُعد فَنَارَ خاطِري
2. أزْهَرَ رَوضُ قَلبي بِنور رَبِّنَــــا* فازْدَهى بِحُسنه ما بَدا فَي ظاهــــري
3. وزارَ المَحبوبُ قَلبي فَاكتَحَلَت به * أبصارُ الوَرى طرًّا يا لَه مِن زائِـــــر
4. وعَلى بِساطِ الأنسِ كانَ اجتماعُنا * واسْتَحال إشراقًا ظـــــــــلامُ الدَّياجِر
5. فَبِعتُه روحي قِدْمًا والثَّمنُ الهَوى * وهَل كالهَوى مَهرٌ مِن حَبيبٍ هـــاجِرٍ
6. وهَل كَالأرواح تُهدى من عاشقٍ * غَدا مُنطَويًا بِيَمين المَعشوق القَاهِرِ
7. والمُحبُّ يَجتَني زَهرَةً مِن رَوْضِه * والزَّهرُ تَبَدَّى مِن سنائِهِ الــــــباهِر
8. فَلَيسَ في نَظرتي سوى وَجْهٍ تَجَلَّى * إذ بَدا مَحبوبُنا مالكًا ضــــــمائري
9. وأوْطانُهُ غَدت عندَ بَيتِ عــــزِّنا * فَنَحنُ مُلوكُـــــــــه لِذَوي البَصائِرِ
10. والعُذّالُ أصْبَحت بِالسِّهام حَسَدًا * والسِّهامُ تَنثَني عَن عَذولٍ غـــــادِر
11. لا تُصيب قَلبًا أضْحى لَطيفًا بالهَوى * بل فُؤادَ عاشقٍ للسلوان قَادِر
12. والمَلامُ فِي الحَبيب عِندي يَحلو ذِكرُه * ولكنَّ هَجْرَه لا يَراه عاذِري
13. وتَفصيلُ حُسنِه يُصْغي سَمْعي نَحوَهُ * فَأهتَزُّ طَرَبًا كاهتِزاز الطَّائِر
14. يَنثَني غُصني إذا شاهَدتُ جَمالَهُ * قَد تَجَلَّى ظاهرًا في مرآةِ السَّاتِر
15. والمِرآةُ زُيِّنَت بِألوان حُسنِـــــــه * فَأضْحت مُزريَةً بالإصباح النَّائر
16. والإصباحُ لَمْعَة و الليالي خَلْقُهُ * وتَفسيري واضحٌ لِذَوي البَصائِر
17. فَهو الكلُّ في الوَرى في كلِّ كَائنَةٍ * بالكَونَيْنِ تَجَلَّى في كلِّ المَظاهر
18. فَهاتِه خَمرَةٌ قد بَدت بَينَ المَلا * أسْكَرت كلَّ الوَرى مِن طِيبِ العَناصِرِ
19. وساقِي كُؤوسِها أستاذي قُطبُ العُلا * لعَلاوي غَوثُنا صَاحبُ المَفاخِرِ
20. فَأرضِهِ يا رَبَّنا كَي يَكونَ المَدني * في حِماهُ في الدُّنيا وفي اليَوم الآخِرِ
21. بِروحِ الوُجودِ مَن تَجَلَّى مِنه البَها * عَليه صَلاة اللهِ مَع سَلامٍ عَاطِرِ
Transcription :
Tamazzaqa ṯawbu al-wahmi
1. Tamazzaqa ṯawbu al-wahmi fa-aḍāʾa nāẓirī* wā nṭawā ḥiǧābu al-buʿd fa-anāra ẖāṭirī
2. Wa azhara rawḍu qalbī binūr Rabbinā * fāzdahā bi-ḥusnihi mābadā fī ẓāhirī
3. wazāra al-Maḥbūbu qalbī fāktaḥalat bihi * abṣāru al-warā ṭurrāan yālahu min zāʾīr
4. wa ʿalā bisāṭ al-ʾunsi kāna iǧtmāʿunā * wā staḥāla išrāqāan ẓalāmu l-dayāǧiri
5. fabiʿtuhu rūḥī qidmāan wā l-ṯamanu al-hawā* wa hal kāl-hawā mahrun min Habībin hāǧirin
6. wa hal kāl- arwāḥi tuhdā min ʿāšiqin * ġadā munṭawiyāan bi-yamīni l-maʿšūqi l-qāhiri
7. wā-l-muḥibbu yaǧtanī zahrātan min rawḍihi * wā -zzahru tabaddā min sanāʾīhi l-bāhiri
8. falaysa fī naẓratī siwā waǧhin taǧalā * iḏ badā maḥbūbunā Mālikāan ḍamāʾiri
9. wa awṭānuhu ġadat ʿinda bayti ʿizzinā * fa-naḥnu mulūkuh li-ḏawī l-baṣāʾīri
10. wa-l- ʿudḏālu aṣbaḥt bi-ssihāmi ḥasadāan* was-sihāmu tanṯanī ʿanʿaḏūlin ġādiri
11. lā tuṣību qalbāan aḍḥā laṭīfāan bi-l-hawā * bal fūʾāda ʿāšiqin li-s-sulwān qādiri
12. wal-malāmu fī l-ḥabīb ʿindī yaḥlū ḏikruhu * wa lakinna haǧruh lā yarāhu ʿāḏirī
13. wa tafṣīlu ḥusnih yuṣġī samʿī naḥwahu * fa-ahtazzu ṭarabāan kā-htizāzi l-ṭāʾīri
14. yanṯanī ġuṣnī iḏā šāhadtu ǧamālahu * qad taǧallā ẓāhirāan fī mirʾāti s-Sātir
15. wal-mirʾātu zuyyinat bi-alwāni ḥusnihi * fa-aḍḥat muzrīyātan bi-l-iṣbāḥi n-nāʾir
16. wal-iṣbāḥu lamʿāhwa al-layālī ẖalquhu * wa tafsīrī wāḍiḥun liḏawy al-baṣāʾīr
17. fahwa al-kullu fī al-warā fī klulli kāʾinātin * bi-l-kawnayni taǧallā fī kulli l-maẓāhir
18. fahātihi ẖamrātun qad badat bayna l-malā * askarat kulla l-warā min ṭībi l-ʿanāṣiri
19. wa sāqī kūʾūsihā ustāḏī quṭbu al-ʿulā * al-ʿAlāwi ġawṯunā ṣāḥibu l-mafāẖiri
20. faʾarḍihi yā Rabbanā kay yakūna al-Madanī * fī ḥimāhu fī l-dunyā wa fī al-yawmi l-ʾāẖiri
21. bi-rūḥi al-wuǧūdi man taǧallā minhu al-bahā * ʿalayhi ṣalātu Allahi maʿa salāmin ʿāṭiri