Un jeudi soir, de l’année 1986.
Dans une petite pièce de la Zāwia de Ksibet al-Madyūnī.
Il faisait très froid.
Drapés dans leurs jolis burnous rouges, visages radieux, barbes blanches très bien coiffées, une vingtaine d’anciens disciples madanīs, viennent de finir une assemblée (ijtimā‘).
C’était leur tradition depuis les années vingt. Toujours, la même fidélité au souvenir de leur Cheick al-Madanī ; et le même dévouement au Cheikh actuel.
Suite à cette belle réunion, feu sidi al-Hāj al-Sādiq al-Mi‘lāl, (ancien Muqaddam d’un petit village tunisien appelé Chrāhil) prononça, lentement et distinctement, ces paroles :
« Lorsque une assemblée (réunion, ijtimā‘) se termine, on doit immédiatement songer au repentir (tawba), à reprendre le chemin dès le début, à retrouver le statut de novice, à ressentir que nous ne sommes qu’un néophyte nécessiteux d’être guidé et cherchant à servir ses frères. Notre devise :
دَائِمًا فَقيرٌ جديدٌ
« Dā’iman faqīr jadīd »
« Je suis, à jamais, nouveau disciple».
Ces paroles étaient prononcées par un disciple illettré qui n’a jamais fréquenté d’écoles, sauf celle du Cheikh al-Madanī. C’est sous son regard, tendre et affectueux, qu’il a appris à être sincère en parlant d’Allah, et en s’adressant à Lui.
La rencontre de nos frères et sœurs à Lyon, ce samedi 1 décembre 2012, m a rappelé ces paroles. Je ne fais que les rapporter, comme si vous les entendez de sidi al-Hāj al-Sādiq al-Mi‘lāl (nommé par ses condisciples : sāḥib an-niyya, le sincère presque naïf dans sa ferveur et amour).
Après toute réunion, le disciple doit observer les aḥwāl (états spirituels) suivants :
1-
2- SUPPLIER ALLAH DE NOUS ACCORDER DAVANTAGE DE GRACES et de ne pas nous en priver tant qu’on est en mesure d’assister. Car, nulle grâce ne vaut celle d’être baigné dans l’amour d’Allah, de son Messager, sallā Allah ‘alayhi wa sallam et de Ses Gens, les invocateurs.
3-
4- GARDER LA LUMIERE DE LA REUNION : À la suite des réunions, nous sommes le plus souvent illuminés, baignés dans la Grâce d’Allah. Ainsi, aucune autre discussion de l’ordre du temporel ne doit profaner cet état pur, élevé, afin que les lumières du dhikr demeurent, que ses effets s’ancrent en nous et que ses traces bénies durent le plus long possible. Car hélas, les contraintes matérielles de la vie quotidienne auront tôt fait de nous engloutir à nouveau.
5-
6- SE RAPPELER LES VERTUS DE LA VOIE : La vie, la vraie, est celle où les cœurs s’apaisent en se détachant de ce bas-monde pour embrasser l’au-delà. Non pas y aller, mais plutôt fusionner avec la Vérité. À l’instar de tout voyage, on a besoin d’un guide pour arriver à bord. La réunion et ses suites aident à revivre Les états spirituels du Prophète et à progresser ; et ce grâce à la baraka du Cheikh. Etre sincère, pur et humble devant son Cheikh et ses frères, c’est ce qui étanche la soif et conduit à la Proximité. Entre ses mains, l’âme renaît en l’observant dans le moindre geste, s’assagit en sa compagnie ; et quand il nous aime, l’âme s’éteint.