Muhammad ibn Zakariyā’ al-Ghulābi rapporte :
Une nuit, je vis Muhammad ibn ‘Abd Allāh ibn ‘Aicha sortir de la mosquée après la prière du Maghrib et se diriger chez-lui. Sur le chemin du retour, il vit un jeune Quraychite ivre. Ce dernier saisit une femme et la poussa. Affolée, elle cria au secours. Les gens se réunirent pour le rouer de coups. Ibn ‘Aicha regarda le jeune homme et le reconnut.
– Eloignez-vous de mon neveu! leur dit-il. Viens avec moi, lui lança-t-il.
De pudeur, le jeune rougit. Ibn ‘Aicha vint vers lui, l’embrassa et lui répéta :
– Viens avec moi.
Ensemble, ils rentrèrent chez lui. Ibn ‘Aicha le fit entrer et à l’un de ses domestiques, il dit :
– Qu’il passe la nuit chez-nous. Lorsqu’il se réveillera de son ivresse, informe-le de ce qui s’est passé. Ne le laisse pas partir avant que je ne l’aie vu.
Une fois le jeune réveillé, le domestique lui raconta ce qui s’était passé la veille. Le jeune rougit. Honteux, il pleura. Lorsqu’il s’apprêta à partir, le domestique le retint :
– Mon Maître demande à te voir !
Il le fit entrer auprès d’Ibn ‘Aicha :
– N’as-tu pas honte de toi et de ton déshonneur ! N’as-tu pas songé à ceux qui t’ont engendré ? Crains Dieu et renonce à tes mauvaises habitudes.
Le jeune se fendit en larmes et baissa la tête. Enfin, il se leva et dit :
– Je fais aujourd’hui le serment devant Dieu dont je rendrais compte le Jour de la Rétribution: « Je cesse de boire le vin. Je renonce à tout ce que je faisais auparavant. Je me repens à Allah ».
– Approche-toi de moi, lui dit Ibn Aicha. Il lui embrassa la tête :
– Mon fils, c’est une belle décision.
Par la bénédiction de cette douceur, le jeune côtoyait ibn ‘Aicha pour étudier le hadith. Il dit : « les gens commandent le bien et veulent interdire le mal. En le faisant [à mal escient], souvent le bien se mue en mal ; c’est pourquoi il faut en tout état faire preuve de douceur pour atteindre ce que l’on espère».
Al-Ghazāli, Ihyā’ ‘Ulūm al-dîn, II, p. 235.