Le Mawlid d’après les Docteurs d’Al-Azhar

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La Demeure de fatwā d’al-Azhar (dār al-fatwā, al-Azhar, Egypte) confirme la licéité (mašrū‘iyya) de commémorer la Naissance du Prophète Muḥammad, sallā Allahu ‘alayhi wa sallam.
Nous avons l’honneur de vous présenter la traduction de cette fatwā d’al-Azhar, la plus grande Université musulmane, émise par son éminent Secrétariat général, en réponse à la question enregistrée sous le numéro : 1186. Elle autorise la commémoration de la Naissance du Prophète, et la considère comme un acte recommandable.

1- Question: Quelle est la disposition légale (ḥukm) qui s’appliquerait à la commémoration de la Naissance du Prophète, celle des membres de Sa famille, ou des saints (waliyy)?

2- Réponse :
La naissance du Prophète, sallā Allahu ‘alayhi wa sallam, est la manifestation de la Miséricorde divine (raḥma) dans l’histoire des Hommes en général. Le Coran définit l’avènement du Prophète comme « Miséricorde pour les univers » (raḥma li-l-‘ālamīn). Cette Miséricorde n’est pas limitée, mais englobe aussi l’éducation des hommes, la purification de leurs consciences, leur instruction, leur orientation vers la bon Chemin, aussi bien sur le plan matériel que moral. Cependant, cette Miséricorde ne se limite pas aux Contemporains du Prophète, mais s’étend à l’histoire en entier «et d’autres parmi eux qui ne sont pas rejoints à eux », (Coran, al-Jumu‘a : v. 3).

3- Célébrer l’anniversaire du Maître des deux univers, Sceau des Envoyés et des Prophètes, Messager de la Miséricorde, Secours de la Communauté, notre maître Muḥammad, sur lui bénédictions et saluts, et l’aimer, sont les deux principes primordiaux de la foi musulmane. Il est établi qu’il a dit : « Nul n’atteint la foi sans qu’il m’aime plus que ses parents, ses enfants et les gens en général ».

4- Ibn Rajab (al-Ḥanbalī) dit : «Aimer le Prophète, sur lui bénédictions et salut, fait partie des principes de la foi musulmane. Cet amour est lié à l’amour d’Allah, qu’Il soit exalté. C’est Allah même qui l’avait lié. Il a averti quiconque devance l’amour d’autre chose, aimée par nature, tels que les parents, les biens et la patrie etc. Allah dit :
«Dis : si vos pères, vos fils, vos frères, vos épouses, votre clan,
les biens que vous aviez acquis,
un négoce dont vous craignez le déclin, des demeures où vous vous plaisez, vous sont plus chers qu’Allah et son Messager, et la lutte dans le chemin de Dieu, attendez-vous à ce que qu’Allah vienne avec son Ordre
 
». (Coran, al-Tawba : 24).

5- Lorsque ‘Umar avait dit au Prophète, sur lui bénédictions et salut : « Oh Messager d’Allah ! Je t’aime plus que toute chose, à l’exception de moi-même. Le Prophète lui répondit : « Non ! Je jure par Celui dont mon âme est entre Ses mains. Tu n’atteindras la foi que si tu m’aimes plus que toi-même. ‘Umar lui dit : « C’est maintenant, par Allah, Je t’aime plus que moi-même ». «C’est maintenant alors [que tu as atteint la vraie foi]!», répondit le Prophète. (rapporté par al-Bukhārī).

6- Célébrer la Naissance du Prophète consiste à lui exprimer sa joie (iḥtifā’). L’expression de cette joie est une pratique dont la licéité est absolument sûre (maqṭū‘ bi-mašrū‘iyyatihi), car il s’agit du fondement des fondements et du pilier premier; Allah connaît le Rang de son Prophète. Il a fait connaître au monde entier son nom, sa mission, son rang et sa place. L’univers entier [doit] éprouver une joie, immuable et sincère, face à la Lumière d’Allah, à Sa délivrance, Sa grâce aux univers, Sa Preuve.

7- Depuis le IVe et le Ve siècle de l’hégire, nos ancêtres pieux avaient l’habitude de célébrer la Naissance de Prophète, sur lui bénédictions et salut, en veillant la nuit [qui correspond à celle de] sa Naissance par différents actes d’adoration et de proximité (qurbā) comme le fait d’offrir à manger, réciter le Coran, invoquer Allah, déclamer des élégies qui décrivent le Prophète, sur lui bénédictions et salut.

8- Ceci est souligné par plusieurs historiens tels que al-Ḥāfiẓ Ibn Kathīr, al-Ḥāfiẓ Ibn Diḥya d’Andalousie, al-Ḥāfiẓ Ibn Ḥajar et la couronne des Ḥāfiẓ-s, al-Suyūṭī, qu’Allah ait leurs âmes.

9- Nos savants, les Prédécesseurs comme les Successeurs, approuvent à l’unanimité la licéité (légitimité) de célébrer la Naissance du Prophète. Pour en souligner le caractère recommandable, plusieurs Savants et Docteurs de loi ont composé des traités. Ils ont démontré, grâce à des arguments authentiques, le caractère recommandable de cet acte. Quiconque doué de raison, de compréhension et du bon sens, ne pourra invalider le choix de nos Pieux ancêtres, celui de célébrer la Naissance du Prophète.

10- Dans son ouvrage, al-Madkhal (Introduction à la Loi), Ibn al-Ḥāj a longuement décrit les vertus relatives à cette commémoration. Il en a élaboré un discours bénéfique qui apaise les cœurs des croyants. Rappelons pour mémoire qu’il a composé son ouvrage pour dénoncer les innovations blâmables (bid‘a) qui n’ont aucun fondement légal. Al-Suyūṭī a également composé une épitre indépendante intitulée : husn al-maqṣid fī ‘amli- l-mawlid (La bonne intention dans la célébration du Mawlid).

11- Célébrer le souvenir de la Naissance du Prophète a pour objet de réunir les musulmans pour invoquer Allah, déclamer la poésie lui rendant hommage, le louanger, offrir à manger en guise d’aumône pour exprimer l’amour à l’égard du Prophète, sur lui bénédictions et salut, et annoncer la joie pour son arrivée. Dans cela s’inscrit ce que les gens ont coutume de faire [pendant les fêtes] comme le fait d’acheter des douceurs, de s’offrir des présents. Ce dernier acte est en soi une chose licite. Nul texte l’interdit ou l’autorise, en la reliant à une occasion précise. Si à cela s’ajoutent d’autres nobles buts comme le désir d’égayer la famille (idhāl as-surūr), rendre visite aux parents, cet acte devient recommandable (mustaḥabb).

12- Dès lors que cet acte vise à exprimer sa joie à l’égard du Prophète, il devient davantage légitime et recommandable, car les actes – moyens ont les mêmes dispositions légales des actes- finalités. Dire que cela est interdit est une forme de légèreté [religieuse] désapprouvée.

13- Pour certains [croyants], des éléments semblent être ambigus : comme le fait que les premières Générations pieuses (salaf) n’ont pas célébré cette occasion. Bien que ceci soit vrai, nous jurons par le Vrai, qu’il n’est pas une raison pour interdire cette célébration. Nul personne douée de raison ne pourra mettre en doute la joie qu’éprouvaient nos Pieux processeurs envers le Prophète, sur lui bénédictions et salut. Cependant, la joie s’exprime de plusieurs façons. Il n’y a nulle gêne de l’exprimer d’une quelconque façon puisque ces façons ne sont pas des actes rituels [ibāda arrêtée par les Textes]. Mais, lui exprimer notre joie est un immense acte d’adoration dont les modes sont autorisés « chacun suite une direction ».

14- Dans la Tradition prophétique, des indices sûrs montrent la célébration, par les Compagnons, de l’honneur du Prophète, avec même son approbation et autorisation. Burayda al-Aslamī, qu’Allah l’agrée, dit : « Le Prophète sortait pour l’une de ses batailles. Sur le chemin de son retour, une esclave noire vint lui dire : Oh Messager d’Allah ! J’ai promis (nadhr) [[Formule sacramentelle par laquelle le Musulman s’impose d’accomplir un acte pieux sans que ce dernier ne soit prescrit par la religion. ]] : si Allah te rend sain et sauf aux siens, je jouerais le tambourin et je chanterais. Le Prophète lui dit « : si tu t’es engagée, tu dois le faire ; autrement non ». (Rapporté par Aḥmad et al-Tirmidhī, dit ḥadīth beau, authentique et étrange). Si jouer le tambourin en guise d’annoncer la joie par le retour du Prophète, après sa bataille, est une chose légitime, approuvée par le Prophète qui a ordonné d’honorer son nadhr, exprimer sa joie par son arrivée au monde par le tambourin ou autre expression de joie, en soi autorisée, est encore plus légitime et plus recommandable. Que dire alors de la récompense du Seigneur à la joie des croyants du jaillissement de sa lumière sur l’univers.

15- Le Prophète, sur lui bénédictions et salut, a lui-même inauguré la tradition de louanger Allah pour sa Naissance bénie. Il est établi, dans les hadiths authentiques, qu’il jeûnait tous les lundis en disant : « C’est le jour de ma naissance » (Rapporté par Muslim, de hadith d’Abū Qatāda, qu’Allah l’agrée). C’est une forme de louange pour la grâce divine, celle de l’honorer et d’honorer la Communauté par son essence bénie.
16- Les Musulmans doivent exprimer leur joie à l’égard du Prophète en guise de louer Allah pour Sa Grâce, ce don muhammadien, par toute forme de louanges, comme le fait d’offrir à manger, les chants élogieux, les réunions d’invocation, le jeûne, etc. « Chaque récipient laisse apparaître son contenu [[Proverbe arabe qui signifie que chacun s’exprime et agit selon son intérieur. ]] » .

17- Dans Son Livre, Allah a honoré l’anniversaire, dans la bouche de Ses Prophètes. Il dit : « Que la Paix soit sur lui, le jour où je naquis (Maryam, v, 15). Il a dit également en parlant à la place de ‘Issa, sur lui et sur notre Prophète bénédictions et salut:« Que la Paix soit sur moi, le jour où je naquis (Maryam, v, 33). Car, au jour de la naissance, l’on se rend compte de la grâce de l’existence (ni‘mat al-wujūd). Celle-ci n’est-elle pas l’origine de toute autre grâce qui touche l’homme ensuite. S’en rappeler et le rappeler font partie de louanges adressées à Dieu pour Ses grâces accordées aux humains.

18- Toutefois, la licéité de célébrer la Naissance du Prophète ne saurait être mise en cause par certains agissements interdits qui pourraient avoir lieu pendant cette occasion. On doit la célébrer tout en désapprouvant ces actes interdits, en rappelant à leurs auteurs la [noble] finalité essentielle pour laquelle l’on commémore cette belle occasion.

Allah sait mieux que tous.

Traduction et présentation.
Abū Chady al-Madanī,
Mars- Décembre, 2013.

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Celui qui y entend l’excitation du désir [vers Dieu], son cœur s’adoucit, son esprit se purifie, son amour se renforce et son désir s’accroît. Il se rappelle, avec nostalgie son Bien-aimé et Le désire ardemment jusqu’à ce qu’il obtienne de Lui l’objet de son désir et [la réponse] à sa demande.