On a rapporté cette histoire de Hudhayfa al-Mar‘achî qu’Allah l’agrée.
Etant le domestique de Ibrāhim ibn Adham (m. 777) qu’Allah l’agrée, il le côtoya pendant de longues années.
– Quelle fut la chose la plus étrange que tu vis de lui ? lui demanda-t-on.
Il répondit :
Sur notre chemin vers la Mecque, nous restâmes plusieurs jours sans rien manger.
Nous rentrâmes à Kûfa et y trouvâmes refuge dans une mosquée abandonnée.
Ibrāhim me regarda et dit :
– Oh Hudhayfa ! Sur ton visage, je constate les traces de la faim.
– C’est comme tu le vois.
– Apporte-moi un encrier et un feuillet, me demanda-t-il.
J’apportai ce qu’il avait demandé.
Il écrivit :
Au nom de Dieu, le Tout-Miséricorde, le Miséricordieux.
C’est Toi le sens de tout état.
C’est Toi que chaque sens désigne.
Il me dicta ensuite :
Je Te loue, Te remercie et T’invoque
Affamé, perdu et nu que je suis.
Ce sont six termes dont je garantis la moitié ;
Sois alors le Garant de la deuxième moitié, oh toi Créateur !
Si elles ne Te sont pas adressées, mes louanges sont les flammes d’un feu qui me brûle ;
De ce feu, sauve Ton petit serviteur!
Hudhayfa ajouta :
Ensuite, il me donna le feuillet et me dit :
– Prends-le. N’attache ton cœur à personne d’autre qu’Allah, qu’Il en soit Exalté. Donne-le au premier passant que tu rencontreras.
Je sortis. Le premier que je rencontrai fut un homme sur un mulet. Je lui donnai le feuillet. Il le prit et pleura lorsqu’il le lut.
– Qu’en est-il de celui qui l’a écrit ? me demanda-t-il.
– Il est dans la mosquée, répondis-je.
Il me lança une bourse contenant six cens dirhams. Je la pris et m’en allai. Je croisai un homme ; je l’interrogeai :
– Qui est cet homme sur le mulet ?
– C’est un chrétien.
Hudhayfa ajouta : je revins vers Ibrahim et lui racontai l’histoire.
– Ne touche pas à cet argent, me dit-il. Son maître viendra dans quelques instants.
Sur son mulet, le chrétien vint quelques instants plus tard. Il descendit devant la porte de la mosquée et entra. Il s’abaissa devant Ibrāhim, lui embrassa la tête et les mains et dit :
– J’atteste qu’il n’y a de divinités qu’Allah, l’Unique sans associés
Et que Mohammed est Son Serviteur et Messager.
De joie, Ibrāhîm se fondit en sanglots et dit :
– Louanges à Allah qui t’a guidé vers l’islam et la religion de Mohammed sur lui meilleurs bénédictions et saluts.