أَقِمِ الصَّلَاةَ لِدُلُوكِ الشَّمْسِ إِلَى غَسَقِ اللَّيْلِ وَقُرْآَنَ الْفَجْرِ إِنَّ قُرْآَنَ الْفَجْرِ كَانَ مَشْهُودًا (78)
وَمِنَ اللَّيْلِ فَتَهَجَّدْ بِهِ نَافِلَةً لَكَ عَسَى أَنْ يَبْعَثَكَ رَبُّكَ مَقَامًا مَحْمُودًا (79)
وَقُلْ رَبِّ أَدْخِلْنِي مُدْخَلَ صِدْقٍ وَأَخْرِجْنِي مُخْرَجَ صِدْقٍ وَاجْعَلْ لِي مِنْ لَدُنْكَ سُلْطَانًا نَصِيرًا (80)
وَقُلْ جَاءَ الْحَقُّ وَزَهَقَ الْبَاطِلُ إِنَّ الْبَاطِلَ كَانَ زَهُوقًا (81)
وَنُنَزِّلُ مِنَ الْقُرْآَنِ مَا هُوَ شِفَاءٌ وَرَحْمَةٌ لِلْمُؤْمِنِينَ وَلَا يَزِيدُ الظَّالِمِينَ إِلَّا خَسَارًا (82)
Transcription :
Aqimi ṣ-ṣalāta li-dulūki sh-shamsi ilā ghasaqi l-llayli wa Qurāna l-fajri ;
inna Qurāna l-fajri kāna mashhūdan (78)
Wa mina l-llayli fa-tahajjad bi-hi nāfilatan laka ‘asā an yab‘athaka Rabbuka maqāman maḥmūdan (79)
Wa qul Rabbi adkhilnī mudkhala ṣidqin wa akhrijnī mukhraja ṣidqin ; wāj‘al lī min ladunka sulṭānan naṣīran (80)
Wa qul jā’a l-ḥaqqu wa zahaqa l-bāṭilu inna l-bāṭila kāna zahūqan (81)
Wa nunazzilu mina l-Qurāni mā huwa shifā’un wa raḥmatun li-lmu’minīna wa lā yazīdu ẓ-ẓālimīna illā khasāran (82)
Traduction :
[17:78]
Accomplis la ṣalāt entre le déclin du soleil et l’obscurcissement de la nuit, et [fais] aussi la Lecture à l’aube, car la Lecture à l’aube a des témoins .
[17:79]
à des moments de la nuit, interromps le sommeil [avant l’aube] pour des Salāt surérogatoires : afin que ton Seigneur te ressuscite en une position de gloire/séjour de louange…
[17:80]
Dis : «Seigneur; fais que j’entre par une entrée de vérité et que je sorte par une sortie de vérité. Munis-moi de Ta part, d’un pouvoir bénéficiant de Ton secours décisif».
[17:81]
Dis : «Le Vrai s’en est venu. L’Erreur a disparu. Car l’Erreur est destinée à disparaître».
[17:82]
De Coran, Nous faisons descendre une guérison et une miséricorde pour les croyants. Cependant, cela ne fait qu’accroître la perdition des injustes.
Essai de commentaire :
Les versets (78 à 82) de sourate al-Isrā’ (Le Voyage nocturne, mecquoise, révélée deux ans avant l’Hégire, en 620) comportent une belle constellation d’Ordres qu’Allah adresse à Son bienaimé, sallā Allahu ‘alayhi wa sallam. Ces Ordres portent à la fois sur les actes (apparents), les paroles (énoncées) et l’œuvre des cœurs (intérieure). Pour soutenir Son bienaimé, Allah l’exhorte à réaliser le parfait équilibre entre actes, mots et croyances.
Les actes recommandés ici sont au nombre de trois :
1- Accomplir les prières. Fraîchement proscrites lors du Voyage nocturne du Prophète, sallā Allahu ‘alayhi wa sallam, les prières sont une grâce qu’Allah accorda à Son Messager et à toute sa Communauté.
2- Réciter le Coran lors de la prière de l’Aube (fajr). Au petit matin, les âmes pures sont davantage prédisposées à recevoir les flux de miséricorde. Si Allah préconise de psalmodier le Coran à cette heure-ci, c’est pour mieux le méditer, mieux ressentir la vibration de Sa noble Parole. Al-Tirmidhī tient d’Abū Hurayra que le Prophète, sallā Allahu ‘alayhi wa sallam, dit : « La lecture de l’Aube a des témoins, des témoins parmi les Anges de nuit et ceux du jour ». (Hadīth hasan saḥīḥ).
3- Accomplir le tahajjud (prières surérogatoires nocturnes) en y récitant davantage le Coran. Pour le Prophète, la récompense en sera le Maqām Maḥmūd. Selon les exégètes, (Ibn ‘Aṭiyya, al-Qurṭubī et Ibn ‘Ašūr), ce Maqām est le privilège, accordé exclusivement au Prophète, d’intercéder auprès d’Allah, le Jour du Jugement dernier. Al-Tirmidhī tient d’Abū Hurayra : « On a interrogé le Prophète, sur le Maqām maḥmūd. « Il s’agit de l’intercession (šafā‘a), répondit-il. (ḥadīth ḥasan saḥīḥ).
Allah demanda ensuite à Son Bienaimé d’embellir ses paroles par les invocations portant aussi sur trois thèmes :
1-Implorer l’aide divine pour que chaque lieu où se trouve le Prophète soit un lieu de Vérité. Selon les mufassirūn, ce verset fait allusion à l’Immigration (hijra). Le Prophète avait imploré le secours d’Allah lors de sa sortie de la Mecque vers Médine. Il L’a également supplié d’exaucer Sa Promesse, celle de lui apporter Victoire et Secours.
2- Implorer Allah de faire triompher le Vrai et d’obtenir le sulṭān. Ce terme sulṭān désigne ici trois sens : le pouvoir, l’argument évident et la Primauté du Vrai.
3- Implorer Allah de le guider à dire (et à réaliser) que le Vrai est arrivé, car il n’a jamais cessé d’être et que l’Erreur a disparu ; l’Erreur étant destinée à disparaître, car elle n’a toujours été que pur néant.
Quant aux œuvres du cœur, elles concernent la nécessité d’avoir la certitude absolue en Allah, en Son aide permanente et en Sa miséricorde.
Qu’elles relèvent des actes, des paroles ou du cœur, ces Ordres divins sont clos par la description de la magnificence de la Parole d’Allah. Celle-ci n’est que guérison et miséricorde pour les croyants. Toutefois, ceux qui ne veulent pas y adhérer à cause de leur obstination verront leur perdition s’accroître. Au sens propre, le šifā est la disparition des maux physiques. Dans un sens spirituel, il est la disparition des voiles, contraintes et obstacles qui entravent le cheminement vers Allah, tels que les fausses croyances, la mauvaise moralité, les péchés et les maux de l’égo.
Si ce discours s’adresse directement au Prophète, sallā Allah ‘alayhi wa sallam, il concerne de la même façon les croyants et à tous il révèle les hautes vérités. L’islam est l’ensemble d’actes rituels (‘ibāda) que le Musulman doit accomplir pour mériter la Proximité d’Allah et être au nombre des vrais croyants. La relation avec Allah se raffermit grâce à ces actes quotidiens : prier, réciter Sa Parole, L’invoquer. Le doux fruit en sera un cœur qui s’adonne entièrement à Allah. Dans l’une de ses maximes, le cheikh M. al-Madanī précise que : « La religion est la soumission du serviteur à son Seigneur dans son « extérieur » et c’est al-Islām (la Remise confiante) ; dans son « intérieur », et c’est al-Imān (la Foi) ; dans son « secret », et c’est al-Iḥsān (l’Excellence) ».