Bichr ibn al-Hārith al-Hāfī a rapporté :
Lorsque je rencontrai ‘Ukbur al-Kurdī, je lui demandai :
– Comment s’est déroulé ton retour vers Allah, qu’Il soit Exalté ?
– J’étais un bandit de grand chemin. Un jour, il y avait trois palmiers devant moi dont l’un d’eux ne portait pas de dattes. Je vis un oiseau prendre quelques dattes d’un palmier et les poser sur celui qui n’en avait pas. Il ne cessa d’aller et venir à dix reprises. Je me dis : « Lève-toi et regarde !»
Je me levai. À la tête du palmier, je vis un serpent aveugle. Je compris que c’était l’oiseau qui mettait les dattes dans sa bouche. Je fondis en larmes et dis :
– Mon Seigneur ! Ce serpent, que Ton Messager a ordonné de tuer, a été aveuglé par Ta Puissance. Tu l’as ensuite confié à un oiseau pour le prendre en charge. Ton serviteur que je suis, atteste que Tu es Unique. Tu as décrété que je sois un bandit de grand chemin et que je terrifie les voyageurs.
Une voix en moi susurra alors :
– Oh ‘Ukbur ! Ma Porte est ouverte.
Je brisai mon épée et en mettant de la terre sur ma tête je suppliai :
– Absolution ! Absolution !
Une voix me répondit:
– Je t’ai pardonné. Je t’ai pardonné.
J’éveillai l’attention de mes compagnons qui s’écrièrent:
– Pourquoi nous déranges-tu ?
– J’étais abandonné ; à présent je suis pardonné, répondis-je.
– Nous étions aussi abandonnés et à présent nous sommes pardonnés.
Nous jetâmes alors nos [anciens] habits, mîmes « les habits sacrés » (ihrâm) et nous dirigeâmes vers la Mecque. Nous passâmes trois jours en pleurs et en supplications. Nous demeurions ainsi noyés dans l’incertitude. Le troisième jour, nous arrivâmes à un village. À l’entrée du village, une femme aveugle, assise, nous dit :
– ‘Ukbur al-Kurdī est-il parmi vous ?
– Oui, as-tu besoin de quelque chose? répondit l’un de nous.
– Depuis trois nuits, je vois, en songe, le Prophète – sur lui bénédictions et salut
– me dire : « Donne à ‘Ukbur ce que ton fils avait laissé !».
Elle nous donna soixante tissus ; nous les mîmes et parcourûmes les steppes jusqu’à ce que nous arrivions à la Demeure Sacrée.
Ibn Qudāma, Livre des repentis, p88.